Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
Les pelouses resplendissantes des campus californiens ? Condamnées.
L’herbe verdoyante des golfs, des cimetières et des villas ? Au régime.
Six mois après l’entrée de la Californie dans sa quatrième année de
sécheresse, le gouverneur démocrate Jerry Brown a pris la décision que
les écologistes réclamaient depuis longtemps : des mesures
contraignantes de rationnement de l’eau. « Nous sommes entrés dans un monde différent, a-t-il plaidé. Nous devons agir en conséquence. »
Le gouverneur a signé mercredi 1er avril un décret qui ordonne une réduction de 25 % de la consommation d’eau dans les neuf prochains mois. Les quelque 400 agences locales qui sont en charge de l’approvisionnement devront orchestrer le rationnement. Dans un Etat où tous – fermiers, hôteliers, défenseurs de la nature, industriels de la fracturation hydraulique − s’accusent de consommer trop, Jerry Brown a assuré que le sacrifice serait partagé. « Nous devons tous changer, a-t-il ajouté. Les Californiens doivent s’habituer à un environnement très différent. »
C’est la première fois depuis soixante-quinze ans que le sol est nu le 1er avril à cette altitude de 2 070 m. Or la fonte des neiges représente 60 % de l’alimentation des réservoirs et 30 % de l’approvisionnement en eau de l’Etat. Des mesures effectuées dans une centaine d’autres stations de la Sierra Nevada ont montré que l’accumulation de neige n’atteint que 5 % de son niveau moyen des dix dernières années. « C’est une mauvaise nouvelle », a commenté Frank Gehrke, du département californien des ressources en eau. C’est lui qui mesure la hauteur de la neige et, d’habitude, il vient avec des skis ou des raquettes.
Le gouverneur propose de remplacer 4,6 millions de m2 de pelouses par des plantes résistantes dans le désert, ce qui devrait permettre d’économiser 2 milliards de gallons d’eau par an ; d’interdire l’arrosage des plates-bandes qui servent de ligne médiane sur les routes ; d’interdire aux propriétaires de maisons neuves d’irriguer à l’eau potable, sauf s’ils possèdent un système de goutte-à-goutte, d’imposer des quotas d’eau aux universités, aux cimetières et aux terrains de golf. Il suggère aussi d’accorder des crédits aux particuliers pour remplacer leur lave-vaisselle et autres équipements ménagers par des appareils consommant moins.
Les fermiers dénoncent les pelouses de Hollywood et les piscines de Palm Springs. Quant aux républicains, ils réclament la construction de deux barrages, mais les écologistes s’y opposent au nom de la défense des espèces de poissons en danger.
Mais la moyenne de réduction pour l’Etat n’est que de 9 %. Or, il n’a pratiquement pas plu depuis la mi-décembre 2014 et les réservoirs sont à moitié pleins seulement, à la sortie de l’hiver. D’où la décision de M. Brown d’imposer un rationnement – pour la première fois dans l’histoire de l’Etat. Comment l’appliquer ? Le décret du gouverneur donne divers outils aux collectivités locales. Elles seront habilitées à infliger des amendes aux propriétaires de pelouses trop vertes ou à imposer des augmentations de tarif aux foyers qui consommeront trop.
Le gouverneur a signé mercredi 1er avril un décret qui ordonne une réduction de 25 % de la consommation d’eau dans les neuf prochains mois. Les quelque 400 agences locales qui sont en charge de l’approvisionnement devront orchestrer le rationnement. Dans un Etat où tous – fermiers, hôteliers, défenseurs de la nature, industriels de la fracturation hydraulique − s’accusent de consommer trop, Jerry Brown a assuré que le sacrifice serait partagé. « Nous devons tous changer, a-t-il ajouté. Les Californiens doivent s’habituer à un environnement très différent. »
Herbe brune
Le gouverneur avait choisi comme décor pour son annonce la station d’Echo Summit, au sud du lac Tahoe, station de ski réputée à quatre heures de route de San Francisco. C’est là que tous les ans, début avril, les responsables du bureau des ressources naturelles mesurent la couche de neige, ce qui leur permet de prévoir le niveau des réservoirs pour l’été. Depuis le début de la sécheresse, l’évaluation des hydrologues a pris rang de cérémonie rituelle. En 2014, la couche de neige mesurait 86 cm. C’était peu, par rapport à 2010 – 3,15 m – mais on faisait encore du ski. Cette année, le gouverneur Brown et son adjoint n’ont même pas eu besoin de planter la jauge. « Nous avons les pieds au sec, alors que nous devrions marcher sur 1,50 m de neige », a constaté le gouverneur, arpentant l’herbe brune.C’est la première fois depuis soixante-quinze ans que le sol est nu le 1er avril à cette altitude de 2 070 m. Or la fonte des neiges représente 60 % de l’alimentation des réservoirs et 30 % de l’approvisionnement en eau de l’Etat. Des mesures effectuées dans une centaine d’autres stations de la Sierra Nevada ont montré que l’accumulation de neige n’atteint que 5 % de son niveau moyen des dix dernières années. « C’est une mauvaise nouvelle », a commenté Frank Gehrke, du département californien des ressources en eau. C’est lui qui mesure la hauteur de la neige et, d’habitude, il vient avec des skis ou des raquettes.
Le gouverneur propose de remplacer 4,6 millions de m2 de pelouses par des plantes résistantes dans le désert, ce qui devrait permettre d’économiser 2 milliards de gallons d’eau par an ; d’interdire l’arrosage des plates-bandes qui servent de ligne médiane sur les routes ; d’interdire aux propriétaires de maisons neuves d’irriguer à l’eau potable, sauf s’ils possèdent un système de goutte-à-goutte, d’imposer des quotas d’eau aux universités, aux cimetières et aux terrains de golf. Il suggère aussi d’accorder des crédits aux particuliers pour remplacer leur lave-vaisselle et autres équipements ménagers par des appareils consommant moins.
Les fermiers dénoncent les pelouses de Hollywood et les piscines de Palm Springs
Le secteur agricole consomme 80 % de l’eau en Californie, mais les agriculteurs, déjà « durement frappés »,
ne seront pas soumis à rationnement supplémentaire, a expliqué le
gouverneur. Ils seront néanmoins contraints de fournir par écrit des
informations sur leur consommation d’eau et la source de leur
alimentation. Les photos prises de l’espace par la NASA, l’agence
spatiale américaine, montrent un appauvrissement spectaculaire de la
nappe phréatique – alors que la demande chez les agriculteurs est telle
qu’il y a une pénurie de pompes dans la Vallée centrale, la région qui
assure une partie de la production de fruits et légumes pour le pays
entier.Les fermiers dénoncent les pelouses de Hollywood et les piscines de Palm Springs. Quant aux républicains, ils réclament la construction de deux barrages, mais les écologistes s’y opposent au nom de la défense des espèces de poissons en danger.
Rationnement imposé
M. Brown avait déjà invoqué l’état d’urgence en janvier 2014 et appelé les habitants à réduire leur consommation de 20 %, mais le rationnement était jusqu’à présent volontaire. Depuis, la plupart des régions de l’Etat ont réduit leur consommation, certaines d’environ 20 %. La ville de Los Angeles consomme elle-même moins d’eau qu’en 1970 alors que sa population, qui était de 2,8 millions, a augmenté de plus d’un tiers.Mais la moyenne de réduction pour l’Etat n’est que de 9 %. Or, il n’a pratiquement pas plu depuis la mi-décembre 2014 et les réservoirs sont à moitié pleins seulement, à la sortie de l’hiver. D’où la décision de M. Brown d’imposer un rationnement – pour la première fois dans l’histoire de l’Etat. Comment l’appliquer ? Le décret du gouverneur donne divers outils aux collectivités locales. Elles seront habilitées à infliger des amendes aux propriétaires de pelouses trop vertes ou à imposer des augmentations de tarif aux foyers qui consommeront trop.
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