Chaque année, en France, environ 230 décès seraient
liés à la prise de dompéridone (Motilium, Péridys et génériques),
médicament qui présente un risque de mort subite.
Certes, le travail d'évaluation du médicament est toujours délicat. Il s'agit de mettre en balance deux plateaux, celui des avantages attendus d'un côté, celui des risques potentiels de l'autre. Il n'est pas sûr qu'il ait été très bien fait dans le cas de la dompéridone. Regrettable car, chaque année, 3 millions de personnes en prennent en France. Depuis une dizaine d'années, il semble que le plateau des risques s'alourdisse sérieusement pour ce médicament (commercialisé sous les noms de Motilium et Péridys) et ses génériques.
Les autorités ont déjà pris quelques mesures mais elles feraient bien de réexaminer attentivement les pièces d'un dossier devenu bancal. D'autant que les nausées sont un symptôme bénin quoique inconfortable et que les risques encourus doivent être jugés à cette aune.
Laissons de côté les cas extrêmes tels que les nausées ou vomissements dus à certaines chimiothérapies ou encore les enfants hospitalisés pour déshydratation sévère chez qui la réhydratation orale est impossible. Une étude italienne est en cours dans cette indication, à l'Institut de santé maternelle et pédiatrique de Trieste.
Risque de mort subite
Peut-on considérer a priori qu'un médicament prescrit depuis le début des années 1980 est forcément efficace? Certainement pas car lorsque l'on regarde de plus près les avis de la commission de transparence de l'Agence du médicament, le moins que l'on puisse dire est que la pêche est pauvre: essais anciens, de piètre méthodologie, réalisés sur un petit nombre de patients.«L'efficacité de la dompéridone dans les nausées et vomissements d'étiologies variables est mal établie», concluait d'ailleurs l'Agence du médicament (ANSM) en juin 2014. Tout au plus concédait-elle une certaine efficacité dans un trouble digestif du diabétique (la gastroparésie) mais à la posologie de 80 mg/jours dans la plupart des études.
Problème, les autorités de santé recommandent désormais de «ne pas dépasser la dose de 30 mg par jour chez l'adulte» en raison du risque de mort subite cardiaque! En d'autres termes, il est conseillé d'utiliser le médicament à une posologie qui n'a pas fait ses preuves… pour éviter un risque avéré. Car le risque de mort subite est bien identifié. Il a d'ailleurs conduit au retrait des formes injectables en 1986, puis à la recommandation des petites doses en 2011 et enfin, pour finir, à des recommandations de prudence par l'Agence du médicament en février 2014, «en particulier chez les plus de 60 ans et aux doses supérieures à 30 mg/jour». En réalité, le risque de décès existe aussi avant cet âge et en dessous de cette posologie.
De plus, le médicament ne doit pas être associé à d'autres médicaments susceptibles d'entraîner des troubles du rythme cardiaque («allongement du QT» sur les notices). Or, en pratique, c'est le cas plus d'une fois sur cinq selon une analyse effectuée il y a un an par la revue Prescrire.
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