Ce devait être le clou d’un colloque
organisé, les 14 et 15 avril à Paris, par l’Agence de l’environnement et
de la maîtrise de l’énergie (Ademe). L’établissement public, placé sous
la double tutelle des ministères de l’écologie et de la recherche,
devait y dévoiler un scénario « 100 % énergies renouvelables », traçant la voie vers un bouquet électrique intégralement composé de ressources « vertes » à l’horizon 2050. L’Ademe l’avait elle-même annoncé en fanfare au début de l’année : « Le
point d’orgue de ce colloque est la présentation d’une étude inédite
qui fournit les pistes pour une production d’électricité 100 %
renouvelable. »
Las, la présentation a disparu du programme des deux journées, sobrement intitulées : « Les énergies renouvelables dans le mix électrique français ». Toute mention d’un scénario « 100 % vert » a disparu. Que s’est-il passé ? Interrogée par Le Monde, l’agence explique que l’étude n’est pas encore finalisée. Il faut « consolider certains points, mener des vérifications supplémentaires, confronter les hypothèses avec les professionnels du secteur, intégrer davantage de paramètres, affiner les implications économiques et technologiques… » Bref, il serait prématuré de divulguer des conclusions qui « comporteraient des manques et ne seraient pas à 100 % fiables », sur un sujet « très sensible ».
Sensible, et même explosif, le dossier l’est assurément. Ce serait même, pensent certaines ONG, la raison de la déprogrammation du brûlot. Imaginer un mix électrique entièrement renouvelable – donc sans nucléaire – revêt un caractère iconoclaste, dans un pays où l’atome en représente aujourd’hui les trois quarts. Alors que la réduction de la part du nucléaire à 50 % en 2025, inscrite dans le projet de loi de transition énergétique qui doit être adopté avant l’été, est farouchement combattue par la droite à l’Assemblée nationale et au Sénat – et en coulisses par les électriciens et certains syndicats du secteur de l’énergie –, rendre public un tel scénario n’aurait pu que jeter de l’huile sur le feu.
Lire aussi : Loi de transition énergétique : Ségolène Royal devra patienter
« Nous sommes surpris du report de la publication de cette étude, qui promet d’être très instructive et d’ouvrir de nouveaux champs de connaissance », ne s’en étonnent pas moins le Réseau Action Climat et le Comité de liaison des énergies renouvelables. A leurs yeux, la perspective d’une France dénucléarisée, tirant son électricité du vent, du soleil, des barrages et des énergies marines, est « parfaitement réaliste ».
L’Ademe assure que l’étude, dont elle a financé le coût de 294 000 euros, sera divulguée, une fois peaufinée, au « second semestre de 2015 ». Après l’adoption de la loi de transition énergétique donc. Mais avant la COP 21 de décembre, à Paris ? Pour le pays hôte de la conférence mondiale sur le climat, ce pourrait être l’occasion d’afficher, devant ses partenaires, qu’il ne s’interdit pas de voir loin et qu’il est à tout le moins légitime d’explorer tous les scénarios.
Las, la présentation a disparu du programme des deux journées, sobrement intitulées : « Les énergies renouvelables dans le mix électrique français ». Toute mention d’un scénario « 100 % vert » a disparu. Que s’est-il passé ? Interrogée par Le Monde, l’agence explique que l’étude n’est pas encore finalisée. Il faut « consolider certains points, mener des vérifications supplémentaires, confronter les hypothèses avec les professionnels du secteur, intégrer davantage de paramètres, affiner les implications économiques et technologiques… » Bref, il serait prématuré de divulguer des conclusions qui « comporteraient des manques et ne seraient pas à 100 % fiables », sur un sujet « très sensible ».
Sensible, et même explosif, le dossier l’est assurément. Ce serait même, pensent certaines ONG, la raison de la déprogrammation du brûlot. Imaginer un mix électrique entièrement renouvelable – donc sans nucléaire – revêt un caractère iconoclaste, dans un pays où l’atome en représente aujourd’hui les trois quarts. Alors que la réduction de la part du nucléaire à 50 % en 2025, inscrite dans le projet de loi de transition énergétique qui doit être adopté avant l’été, est farouchement combattue par la droite à l’Assemblée nationale et au Sénat – et en coulisses par les électriciens et certains syndicats du secteur de l’énergie –, rendre public un tel scénario n’aurait pu que jeter de l’huile sur le feu.
« Parfaitement réaliste »
Au Monde, la ministre de l’écologie et de l’énergie, Ségolène Royal, a affirmé, vendredi 3 avril, qu’elle n’était pas intervenue personnellement pour faire mettre sous le boisseau la sulfureuse étude, dont elle « ignorait » les tribulations. Mais, ajoute-t-elle, « si mes services ont demandé à l’Ademe de faire preuve de cohérence [avec la politique énergétique du gouvernement], ils ont eu raison ». La loi de transition énergétique prévoit de porter la part des renouvelables dans la production d’électricité à 40 % en 2030 – très loin, donc, d’un objectif de 100 % –, et la ministre écarte toute stratégie qui conduirait à une sortie complète du nucléaire.Lire aussi : Loi de transition énergétique : Ségolène Royal devra patienter
« Nous sommes surpris du report de la publication de cette étude, qui promet d’être très instructive et d’ouvrir de nouveaux champs de connaissance », ne s’en étonnent pas moins le Réseau Action Climat et le Comité de liaison des énergies renouvelables. A leurs yeux, la perspective d’une France dénucléarisée, tirant son électricité du vent, du soleil, des barrages et des énergies marines, est « parfaitement réaliste ».
L’Ademe assure que l’étude, dont elle a financé le coût de 294 000 euros, sera divulguée, une fois peaufinée, au « second semestre de 2015 ». Après l’adoption de la loi de transition énergétique donc. Mais avant la COP 21 de décembre, à Paris ? Pour le pays hôte de la conférence mondiale sur le climat, ce pourrait être l’occasion d’afficher, devant ses partenaires, qu’il ne s’interdit pas de voir loin et qu’il est à tout le moins légitime d’explorer tous les scénarios.
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Pierre Le Hir
Journaliste au Monde
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