Le
scénario d’une reprise de l’activité de conception des réacteurs
d’Areva par EDF se précise. Pressés par le gouvernement d’avancer à
grands pas sur ce dossier, les deux piliers de la filière nucléaire
française doivent arriver à un accord début avril. Il mettrait ainsi un
terme à quinze ans d’indépendance d’Areva, reconstituant peu ou prou le
tandem EDF-Framatome à l’origine de la construction des 58 tranches
d’EDF dans les années 1970-1990. Ainsi EDF pourrait prendre une « participation majoritaire » dans Areva NP, la filiale qui assure le design et la construction de l’îlot nucléaire des centrales, selon Les Echos
du 27 mars. Areva et EDF n’ont pas souhaité commenter ces informations.
Une véritable intégration verticale qui avait été jusqu’à présent
rejetée par le gouvernement et les dirigeants du groupe d’électricité.
En grande difficulté après une perte de 4,8 milliards d’euros en 2014, Areva doit renforcer ses liens avec EDF – à la fois pour moderniser le parc français (opération de « grand carénage ») et décrocher des contrats dans les pays qui veulent développer l’énergie nucléaire. Ce rapprochement ne fait plus débat au sein des deux entreprises. C’est même un des trois points de la « feuille de route stratégique » annoncée, le 4 mars, par Areva. Et une des demandes formulées par le gouvernement dans la lettre de mission qu’il a adressée en janvier au nouveau PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Dans un récent entretien au Figaro, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, envisageait « un rapprochement capitalistique, en particulier concernant toute l’activité réacteur, de l’ingénierie à la maintenance ».
Depuis la création d’Areva en 2001 par la fusion de Cogema
(extraction et enrichissement de l’uranium, traitement-recyclage des
combustibles usés) et de Framatome (chaudières, pompes, générateurs de
vapeur, combustible), EDF a perdu le contrôle sur les équipements. Il
reste qu’une intégration verticale dans laquelle l’électricien serait
majoritaire au sein d’Areva NP (ex-Framatome) pose de nombreuses
questions qui doivent être résolues dans les prochaines semaines.
Elle signifie qu’EDF devient un équipementier qui ne se contente pas d’avoir des bureaux d’études concevant les réacteurs et les combustibles adéquats, mais gère quinze usines fabriquant ces gros composants. EDF devrait aussi reprendre l’activité maintenance des réacteurs d’Areva NP. Or celle-ci ne concerne pas seulement les 58 tranches françaises, mais plus de 150 autres réacteurs dans le monde. A quel titre EDF assurerait-il ces opérations chez des électriciens allemands, américains ou chinois qui peuvent être ses concurrents ?
On peut aussi imaginer le scénario d’une coentreprise dans laquelle EDF serait forcément majoritaire mais qui ne reprendrait qu’une partie des activité d’Areva NP, surtout la conception des réacteurs. Plusieurs sources indiquent que rien n’est encore tranché.
Au siège d’Areva, des équipes d’ingénieurs des deux sociétés travaillent depuis plusieurs mois déjà à l’optimisation de l’EPR (troisième génération). L’objectif est notamment d’en baisser le coût, qui a dépassé 8 milliards d’euros pour les « têtes de séries » construites à Flamanville (Manche) et à Olkiluoto (Finlande), sans en réduire la sûreté.
Cette baisse du prix pourrait atteindre 20 % à 30 %, indiquait récemment Philippe Knoche, directeur général d’Areva, devant les députés. EDF se prépare aussi à épauler Areva en Finlande pour les tests et la mise en service de l’EPR, une phase particulièrement délicate.
En grande difficulté après une perte de 4,8 milliards d’euros en 2014, Areva doit renforcer ses liens avec EDF – à la fois pour moderniser le parc français (opération de « grand carénage ») et décrocher des contrats dans les pays qui veulent développer l’énergie nucléaire. Ce rapprochement ne fait plus débat au sein des deux entreprises. C’est même un des trois points de la « feuille de route stratégique » annoncée, le 4 mars, par Areva. Et une des demandes formulées par le gouvernement dans la lettre de mission qu’il a adressée en janvier au nouveau PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Dans un récent entretien au Figaro, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, envisageait « un rapprochement capitalistique, en particulier concernant toute l’activité réacteur, de l’ingénierie à la maintenance ».
Elle signifie qu’EDF devient un équipementier qui ne se contente pas d’avoir des bureaux d’études concevant les réacteurs et les combustibles adéquats, mais gère quinze usines fabriquant ces gros composants. EDF devrait aussi reprendre l’activité maintenance des réacteurs d’Areva NP. Or celle-ci ne concerne pas seulement les 58 tranches françaises, mais plus de 150 autres réacteurs dans le monde. A quel titre EDF assurerait-il ces opérations chez des électriciens allemands, américains ou chinois qui peuvent être ses concurrents ?
Le glas du modèle « intégré »
Ce scénario d’une prise de participation majoritaire dans Areva NP (l’allemand Siemens en avait 34 % jusqu’en 2009), sonnerait le glas du modèle « intégré » voulu par l’Etat actionnaire (87 %) en 2001 et défendu pendant quinze ans par Anne Lauvergeon, présidente du groupe jusqu’en 2011, puis son successeur Luc Oursel. Areva perdrait alors 3,2 milliards de chiffre d’affaires (sur 8,3 milliards) et 10 000 salariés (15 000 en comptant l’ingénierie) sur un total de 45 000 dans le monde. Il se recentrerait sur le cycle du combustible : extraction et enrichissement de l’uranium, recyclage des combustibles brûlés dans les centrales.On peut aussi imaginer le scénario d’une coentreprise dans laquelle EDF serait forcément majoritaire mais qui ne reprendrait qu’une partie des activité d’Areva NP, surtout la conception des réacteurs. Plusieurs sources indiquent que rien n’est encore tranché.
Au siège d’Areva, des équipes d’ingénieurs des deux sociétés travaillent depuis plusieurs mois déjà à l’optimisation de l’EPR (troisième génération). L’objectif est notamment d’en baisser le coût, qui a dépassé 8 milliards d’euros pour les « têtes de séries » construites à Flamanville (Manche) et à Olkiluoto (Finlande), sans en réduire la sûreté.
Cette baisse du prix pourrait atteindre 20 % à 30 %, indiquait récemment Philippe Knoche, directeur général d’Areva, devant les députés. EDF se prépare aussi à épauler Areva en Finlande pour les tests et la mise en service de l’EPR, une phase particulièrement délicate.
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Jean-Michel Bezat
Journaliste au Monde
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