Les nations arctiques ont rappelé vendredi les dangers auxquels elles
doivent faire face en raison du changement climatique, lors d'un
mini-sommet dans le Grand Nord canadien où tous les yeux sont braqués
vers la Russie.
L'Arctique se réchauffe deux fois plus rapidement
que le reste de la planète et, le mois dernier, le gouvernement
américain a indiqué que la banquise avait atteint son plus bas niveau
cet hiver depuis le début des observations par satellite, à la fin des
années 1970.
La fonte du sommet de la Terre inquiète tant pour ses
conséquences sur la hausse du niveau des océans, que sur l'effet de
serre avec la libération de quantités astronomiques de gaz carbonique et
de méthane qui étaient jusqu'à présent stockés dans le sous-sol gelé.
Le
recul de la banquise permet, dans le même temps, de miser sur
l'ouverture de nouvelles routes commerciales reliant l'Asie à l'Europe
et attise les convoitises des secteurs pétrolier et gazier qui lorgnent
sur d'immenses gisements vierges.
La région contiendrait 13% du pétrole de la planète non encore découvert, et 30% des réserves de gaz naturel.
Ces
nouvelles opportunités s'accompagnent toutefois de nouveaux défis et
rivalités que les Etats-Unis devront apprivoiser en prenant, à l'issue
du sommet, la présidence du Conseil de l'Arctique pour les deux
prochaines années.
«La fonte de la mer de glace dans la région
fait naître un certain nombre d'opportunités», a dit le secrétaire
d'Etat John Kerry à ses homologues.
«Mais il est impératif que les
développements envisagés se fassent en tenant compte de l'histoire et
du mode de vie que les habitants veulent conserver, et que l'on tienne
compte du développement durable», a ajouté M. Kerry, arrivé plus tôt
dans la journée à Iqaluit, capitale du territoire inuit du Nunavut
située au sud de l'Île de Baffin, au nord-est du Canada. La ville compte
7.500 habitants et les températures peuvent y tomber jusqu'à -65°C
durant l'hiver.
Il y a retrouvé les délégations des autres pays
membres de cette instance régionale: le Canada, le Danemark, la
Finlande, l'Islande, la Norvège, la Russie et la Suède.
Les débats
se tiennent en présence d'observateurs provenant de groupes
autochtones, d'organisations environnementales et de certains pays comme
la Chine.
- 'Chiffres alarmants' -
Les
Etats-Unis veulent mettre en place un plan de régulation des émissions
de gaz à effet de serre, nés des activités d'extraction notamment, dans
les régions arctiques. Ce serait une première de voir les membres du
Conseil de l'Arctique se mettre d'accord pour tenter de limiter le
réchauffement climatique à travers une action régionale.
«Un des
plus grands défis dont tout le monde parle aujourd'hui concerne le
changement climatique. Les chiffres sont alarmants, et ce n'est qu'un
euphémisme», a repris M. Kerry.
«Nous prenons toutes les mesures
possibles pour nous préparer au changement climatique, mais nous avons
aussi une responsabilité partagée pour faire tout ce que nous pouvons
pour ralentir ce réchauffement, on ne peut pas perdre cela de vue»,
a-t-il encore dit.
Tout en voulant s'attaquer au changement
climatique, Washington souhaite également consacrer sa présidence du
Conseil à l'amélioration de la réglementation du transport maritime dans
cette région et de la qualité de vie de ses quatre millions
d'habitants.
Les tensions sous-jacentes sont toutefois vives
depuis que la Russie, visée par des sanctions pour son rôle dans la
guerre dans l'est de l'Ukraine, a commencé à montrer ses muscles en
organisant des manoeuvres militaires inédites dans l'Arctique.
Le
ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est absent de la
rencontre à Iqaluit, remplacé par le ministre de l'Environnement Sergueï
Donskoi.
«Peu importe ce qui se passe ailleurs dans le monde, la
coopération dans l'Arctique avance», a affirmé M. Donskoï. «Il n'y a pas
de place ici pour la confrontation ou la provocation», a-t-il ajouté en
soulignant que la Russie ne voulait pas politiser l'Arctique, malgré
quelques actions russes controversées dans le Grand Nord ces dernières
semaines.
Pour s'attaquer au réchauffement climatique, l'ONU
organise une conférence sur le climat à Paris à la fin de l'année. Le
but est de parvenir à un accord pour limiter à 2 degrés le réchauffement
climatique d'ici la fin de ce siècle, par rapport à l'ère
pré-industrielle.
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