mercredi 11 février 2015

Accidents médicaux : savoir pour mieux prévenir

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Les accidents médicaux - qu'il s'agisse des problèmes liés aux médicaments, des fautes de pratique ou des infections nosocomiales (liées aux soins) - représentent la troisième cause de mortalité dans notre pays. Vu l'ampleur du problème, on pourrait imaginer qu'ils font l'objet de multiples études, aux résultats régulièrement analysés, "décortiqués". Pourtant, il n'en est rien ! "Nous savons juste, grâce à de trop rares données, que ces erreurs seraient à l'origine de plus de 30 000 décès chaque année, sans compter les centaines de milliers de personnes qui conservent des séquelles à jamais", notent Béatrice Ceretti et Claude Rambaud, respectivement présidente et vice-présidente de l'association Le Lien. Mais il est impossible de connaître le nombre exact de personnes qui décèdent ou qui restent invalides à la suite de problèmes médicaux. C'est pourquoi ces deux femmes ont choisi le thème "Accidents médicaux : nous voulons savoir" pour les 5es États généraux des infections nosocomiales & de la sécurité du patient, qu'elles organisent aujourd'hui à Paris.
Elles réclament donc haut et fort la levée de l'opacité qui règne actuellement, affirmant - à juste titre - que "pour mieux lutter, pour mener des actions de prévention efficaces, il faut connaître la réalité des choses". Il est très étonnant d'apprendre que le chiffre sur lequel on se base pour faire des estimations dans l'Hexagone provient d'une étude de l'OMS réalisée dans sept pays, mais pas le nôtre. Alors, rien ne dit qu'en France aussi un patient hospitalisé sur trois cents ne décède pas des suites d'une erreur médicale... Quant aux auteurs d'une enquête menée sur le sujet en 2010, ils avancent que la moitié des accidents médicaux seraient évitables dans notre pays, mais sans donner de précisions concernant le nombre de victimes.

Un coût de 730 millions d'euros pour les établissements hospitaliers

Béatrice Ceretti et Claude Rambaud souhaitent vivement que "le gouvernement arrête de se satisfaire du peu de données actuellement disponibles". Elles veulent un accès aux informations détenues par l'Assurance maladie pour - enfin - évaluer correctement la nature et les conséquences des accidents médicaux. Car, en plus des souffrances physiques et morales engendrées, ces accidents coûtent cher : selon une étude menée en 2012 par l'Irdes, le surcoût total des neuf événements indésirables sélectionnés pour ce travail, dont les infections nosocomiales, s'élève à 730 millions d'euros pour l'ensemble des établissements hospitaliers. En ajoutant les coûts des autres accidents médicaux non pris en compte, les coûts sociaux et d'indemnisation, le coût réel des accidents médicaux dans notre pays est supérieur à 1,5 milliard d'euros et certainement beaucoup plus si tous les accidents étaient répertoriés...
C'est à Marisol Touraine que reviendra la charge de clore cette journée. Espérons que la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes entende les demandes des deux représentantes du Lien et de tous les experts mobilisés pour ces états généraux qui ont lieu tous les deux ans.

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