En raison d'une situation sanitaire jugée critique,
la ministre de la Santé Marisol Touraine a décidé de déclencher le plan
Orsan, réservé aux événements exceptionnels.
Devant la «situation sanitaire critique», dénoncée par les médecins urgentistes qui se disent débordés dans les hôpitaux, la ministre de la Santé Marisol Touraine a déclenché jeudi soir à l'échelle nationale le dispositif -plan Orsan- destiné à faire face à des situations sanitaires exceptionnelles.
«La situation est très tendue et met à rude épreuve les équipes soignantes, confirme le Pr Dominique Pateron, chef du service des urgences à l'hôpital Saint-Antoine (Paris). C'est le cas tous les ans à cette période, mais cette année, la grippe est particulièrement virulente et intense.»
À la moitié de l'épidémie, 728 cas graves ont déjà été répertoriés, conduisant à 72 décès. «Par comparaison, l'an dernier, on a comptabilisé 661 hospitalisations pour toute la saison», rappelle de son côté le Dr Bonmarin.
Le principal responsable est le H3N2
Tous les experts convergent vers la même explication: le principal responsable est le H3N2, l'un des trois virus en circulation cette année avec le H1N1 et le B/Massachusetts. Ce virus, prédominant cette saison, a relativement peu circulé ces dernières années, et la population qui l'a peu côtoyé est très vulnérable à ses attaques. Des conditions climatiques froides et humides en janvier pourraient aussi avoir favorisé l'expansion de la maladie.À cela s'ajoute une autre difficulté. Chaque année, l'Organisation mondiale de la santé prédit en février les souches de virus susceptibles de circuler l'hiver suivant dans l'hémisphère Nord. Le vaccin antigrippe saisonnier est élaboré en cinq mois par les laboratoires pharmaceutiques sur la base de ces recommandations. Il arrive toutefois que ces souches connaissent, a posteriori, des mutations inopinées. C'est ce qui s'est produit cette année avec le H3N2: le variant «switzerland» en circulation est finalement «très différent» de celui qui avait été retenu par les experts, explique Bruno Lina, directeur du Centre national de référence des virus influenza de la région Sud à l'Institut Pasteur. Le vaccin distribué à l'automne s'avère donc sans prise contre la majorité des H3N2 en circulation.
La faible efficacité du vaccin 2014-2015, qui protège contre un peu plus de 40 % des virus en circulation, n'empêche pas les experts de déplorer la méfiance des Français à l'égard de la vaccination antigrippe, adoptée par à peine 50 % des personnes à risques (plus de 65 ans et malades chroniques essentiellement), quand il en faudrait 75 %. «L'objectif de la vaccination telle qu'elle est pratiquée en France n'est pas d'enrayer la dynamique de l'épidémie, sinon on immuniserait les enfants, qui sont à l'épicentre de la diffusion, rappelle le Pr Daniel Floret, président du comité technique des vaccinations au Haut Conseil à la santé publique. En vaccinant les personnes vulnérables, on cherche à éviter les cas sévères, potentiellement mortels.»
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