La compagnie gérante de la centrale accidentée Fukushima Daiichi va
prochainement tester un dispositif de localisation du combustible fondu
dans les réacteurs au moyen de rayons cosmiques, a-t-elle annoncé lundi.
«Un
appareillage inusité est prêt à être employé pour apprendre des
informations cruciales sur l'état des coeurs de réacteurs endommagés», a
expliqué Tokyo Electric Power (Tepco).
Le dispositif sera d'abord
utilisé pour le réacteur numéro un, un des trois dont le combustible a
fondu après l'interruption des systèmes de refroidissement mis en péril
par le tsunami du 11 mars 2011.
Les rayons cosmiques sont des flux de particules provenant directement de l'espace.
Les
chercheurs du laboratoire KEK, de l'Université de Tsukuba et d'un
établissement universitaire de Tokyo, se sont intéressés aux particules
de haute énergie et charge négative appelées muons.
Lesdits
muons, des cousins des électrons, ne sont pas faciles à arrêter; ils
traversent librement de nombreux matériaux, au point d'ailleurs de gêner
parfois des expériences scientifiques.
Pourtant, ils peuvent être stoppés par des substances à haute densité comme le combustible nucléaire.
C'est
cette propriété que les chercheurs vont utiliser en mesurant les flots
de muons depuis plusieurs endroits à l'extérieur du réacteur nucléaire
examiné.
En traquant les muons bloqués, il est ainsi possible de
produire une image de la présence du combustible nucléaire dans le
réacteur.
Une observation durant moins de deux mois simultanément
depuis cinq emplacements à la centrale de Fukushima Daiichi permettrait
en théorie d'y situer le combustible nucléaire.
Dans le passé, une technologie similaire a été employée pour localiser le magma dans des volcans.
Le dispositif est en cours d'installation.
«C'est
un bon exemple de coopération avec des experts extérieurs susceptibles
de nous aider à progresser en vue du démantèlement», a expliqué le
directeur des opérations Naohiro Masuda, cité dans un communiqué.
Nul
pour le moment ne sait en effet où s'est enfoncée cette matière des
coeurs fondus, si elle est encore dans l'enceinte en béton de chacun des
trois réacteurs incriminés, comme l'estime Tepco, ou si elle l'a déjà
traversée, comme le craignent certains experts.
Or, il est
essentiel de pouvoir localiser ce corium pour tenter de le récupérer, ce
qui constituera l'opération la plus délicate et la plus longue du
processus de démantèlement engagé.
Selon les prévisions
actuelles, il faudra entre 20 et 30 ans uniquement pour procéder à cette
extraction qui, dans le meilleur des cas, ne pourra pas débuter avant
2020.
«En tant que scientifiques, nous ressentons la
responsabilité d'utiliser nos connaissances et compétences pour aider à
procéder au démantèlement le plus rapidement possible», a déclaré le
professeur du KEK Fumihiko Takasaki.
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