mercredi 11 février 2015

Fukushima: tests de localisation du combustible fondu grâce à des rayons cosmiques

La compagnie gérante de la centrale accidentée Fukushima Daiichi va prochainement tester un dispositif de localisation du combustible fondu dans les réacteurs au moyen de rayons cosmiques, a-t-elle annoncé lundi.
«Un appareillage inusité est prêt à être employé pour apprendre des informations cruciales sur l'état des coeurs de réacteurs endommagés», a expliqué Tokyo Electric Power (Tepco).
Le dispositif sera d'abord utilisé pour le réacteur numéro un, un des trois dont le combustible a fondu après l'interruption des systèmes de refroidissement mis en péril par le tsunami du 11 mars 2011.
Les rayons cosmiques sont des flux de particules provenant directement de l'espace.
Les chercheurs du laboratoire KEK, de l'Université de Tsukuba et d'un établissement universitaire de Tokyo, se sont intéressés aux particules de haute énergie et charge négative appelées muons.
Lesdits muons, des cousins des électrons, ne sont pas faciles à arrêter; ils traversent librement de nombreux matériaux, au point d'ailleurs de gêner parfois des expériences scientifiques.
Pourtant, ils peuvent être stoppés par des substances à haute densité comme le combustible nucléaire.
C'est cette propriété que les chercheurs vont utiliser en mesurant les flots de muons depuis plusieurs endroits à l'extérieur du réacteur nucléaire examiné.
En traquant les muons bloqués, il est ainsi possible de produire une image de la présence du combustible nucléaire dans le réacteur.
Une observation durant moins de deux mois simultanément depuis cinq emplacements à la centrale de Fukushima Daiichi permettrait en théorie d'y situer le combustible nucléaire.
Dans le passé, une technologie similaire a été employée pour localiser le magma dans des volcans.
Le dispositif est en cours d'installation.
«C'est un bon exemple de coopération avec des experts extérieurs susceptibles de nous aider à progresser en vue du démantèlement», a expliqué le directeur des opérations Naohiro Masuda, cité dans un communiqué.
Nul pour le moment ne sait en effet où s'est enfoncée cette matière des coeurs fondus, si elle est encore dans l'enceinte en béton de chacun des trois réacteurs incriminés, comme l'estime Tepco, ou si elle l'a déjà traversée, comme le craignent certains experts.
Or, il est essentiel de pouvoir localiser ce corium pour tenter de le récupérer, ce qui constituera l'opération la plus délicate et la plus longue du processus de démantèlement engagé.
Selon les prévisions actuelles, il faudra entre 20 et 30 ans uniquement pour procéder à cette extraction qui, dans le meilleur des cas, ne pourra pas débuter avant 2020.
«En tant que scientifiques, nous ressentons la responsabilité d'utiliser nos connaissances et compétences pour aider à procéder au démantèlement le plus rapidement possible», a déclaré le professeur du KEK Fumihiko Takasaki.

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