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C'est l'un des enseignements du 5e rapport du GIEC. Sans ambiguïté, il pointe la responsabilité de l’homme dans la hausse des températures mondiales.
NUITS BLANCHES À STOCKHOLM. Une semaine de (presque) nuits blanches, 13.000 mots étudiés à la loupe, une unanimité acquise à 5 heures ce vendredi matin : le « résumé aux décideurs » présenté aujourd’hui à Stockholm à l'issu du 5e GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est le fruit d’un consensus autant scientifique que politique. Le texte est en effet avalisé par les représentants des 195 États membres de l’ONU. Les conclusions adoptées les engagent donc à agir.
Que dit le rapport ?
Voici les principales certitudes d’un document qui comprend 18 têtes de chapitres.
- Le réchauffement du système climatique n’est plus contestable et depuis les années 50. Beaucoup de changements observés sont sans précédents depuis des décennies, voire au-delà du millénaire : réchauffement des océans, fonte des glaces, montée du niveau des mers.
- Chacune des trois dernières décennies ont été toujours plus chaudes au niveau mondial. Dans l’hémisphère nord, 1983/2012 est la période de 30 ans la plus chaude depuis 1400 ans.
- Ce sont les océans qui absorbent la plupart de l’énergie qui s’accumule actuellement dans l’atmosphère. Ils ont récupéré 93% de cette énergie et il n’y a plus de doute que la température de surface a augmenté entre 1971 et 2010.
- Les glaciers et banquises du monde entier fondent à un rythme accéléré. La banquise arctique rétrécit de 3,9% supplémentaires chaque été depuis les premières observations satellites en 1979.
- La montée du niveau des mers s’accélère également. Entre 1901 et 2010, les océans ont pris 19 centimètres.
- Les concentrations atmosphériques de CO2, méthane et oxydes nitreux provenant de l’activité humaine ont toutes augmenté du fait de l’activité humaine. Elles atteignent un niveau inconnu depuis au moins les 800.000 dernières années.
- Les océans ont absorbé 30 % de ces gaz à effet de serre, provoquant une acidification des eaux.
- Pour la première fois, le GIEC fait la part entre l’influence humaine sur le climat et les phénomènes naturels que sont le rayonnement solaire, l’influence des nuages et des aérosols ainsi que les éruptions volcaniques. Au moins 50 % de la hausse globale des températures est bien d’origine humaine.
Que faudrait-il faire désormais ?
QUATRE SCÉNARIOS. C’est une des grandes nouveautés du rapport. Le GIEC publie quatre scénarios basés sur une hausse de l’énergie stockée dans l’atmosphère en watts par m2 (W/m2). Aujourd’hui, la moyenne mondiale de l’irradiation totale solaire est de 1.361 W/m2. Sur les tendances actuelles d’émissions de gaz à effet de serre, chaque m2 de terre recevra 8 watts supplémentaires provoquant une hausse des températures comprises entre 3,6 °C et 4,8 °C. Le GIEC élabore deux scénarios intermédiaires à respectivement 6 et 4,5 W/m2, tenant compte de la mise en œuvre de technologies propres. Seul le quatrième scénario à 3 W/m2 permet d’obtenir une limitation à 2 °C. Mais il implique des changements importants dans les modes de vie et de consommation: quasi abandon de la voiture individuelle, fin de l’étalement urbain, relocalisation des productions, retour à une agriculture de proximité...
INVERSION. Ce faisant, le GIEC inverse la logique qui prédominait auparavant. Les économistes construisaient en effet des hypothèses de réduction des émissions de gaz à effet de serre basées sur les politiques publiques menées et l’émergence de technologies sobres en carbone. Charge aux climatologues d’en mesurer l’impact via leurs modèles. Avec ces quatre scénarios, le GIEC impose un plafond à ne pas dépasser et c’est désormais aux économistes de mesurer les efforts à accomplir dans les secteurs, de l’industrie, de l’habitat.
Où en sont les négociations ?
Les rencontres annuelles menées dans le cadre de la Convention climat signée à Rio de Janeiro en 1992 font du surplace. Depuis maintenant 20 ans, les négociations butent sur le « partage du fardeau». Pour les pays en voie de développement, c’est aux États riches responsables historiques du réchauffement climatique de faire l’essentiel des efforts, les pays émergents devant en priorité faire reculer la pauvreté. Les pays riches en revanche font valoir que les pays en voie de développement sont aujourd’hui les principaux émetteurs de gaz à effet de serre et exigent donc d’eux des engagements précis.
CALENDES GRECQUES. Depuis l’échec de Copenhague en 2009, on repousse au lendemain ce qui devrait être fait dès aujourd’hui. En 2011 à Durban, un calendrier a été adopté pour limiter la hausse des températures à 2 °C, soit une teneur en CO2 de 450 ppm. En 2015 au Bourget en banlieue de Paris, les États devront s’être entendu sur des engagements mondiaux et partagés de réduction des émissions à partir de 2020.
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