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Etat écologique insatisfaisant pour plus de la moitié des masses d’eau de surface ; bon état chimique pour moins de 45% d'entre elles. C'est le constat peu reluisant que transmet le ministère de l’écologie à la Commissions européenne à cinq ans de la date butoir fixée par la directive européenne sur l’eau. Les pollutions diffuses de l’agriculture et les barrages sont en cause.
Le 24/03/2010 à 13:36 - Par
A 5 ans de la date butoir de la directive européenne sur l’eau, plus de 50% des eaux de surfaces n’atteignent pas le bon état écologique en France. © LBaphoto CC by-nd
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le ministère de l’écologie (MEEDDM) a transmis à la Commission européenne son rapport sur la mise en œuvre de la Directive-Cadre sur l’Eau (DCE) qui inclut une évaluation de l’état des eaux en 2009.
Cette évaluation confirme ce que laissait déjà présager la classification de la moitié du territoire national en zone vulnérable du fait des nitrates : plus de 50% des eaux de surfaces (rivières, lacs, zones humides) sont dans un état moyen, médiocre ou mauvais. Seules 7% atteignent le très bon état et 38% ont un bon état écologique.
Cliquer pour agrandir. Répartition des masses d’eau de surface en fonction de leur état en 2009. Seules 45% d’entre elles atteignent au moins le bon état écologique. © Onema
Il reste donc du chemin à faire pour respecter les objectifs de la DCE, à savoir atteindre un bon état de l’ensemble des masses d’eaux d’ici cinq ans (2015) !
Cette Directive-Cadre sur l’Eau, adoptée en 2000 et traduite dans le droit français par la Loi sur l’eau et les milieux aquatiques (Lema) en 2006, impose en effet un objectif de protection et de reconquête de la qualité des eaux et des milieux aquatiques. Elle astreint notamment les Etats membres de l’Union européenne à atteindre un bon état écologique, quantitatif et chimique des eaux en 2015.
Ce bon état se définit comme « une eau en qualité et en quantité suffisante pour assurer un fonctionnement durable des écosystèmes et satisfaire les usages ».
Par ailleurs, d’un point de vue chimique, c’est-à-dire selon les concentrations en polluants (métaux lourds, pesticides, etc.), seules 45% des eaux de surface ont un bon état, tandis que 21% sont en mauvais état et 34% sont incertaines du fait du manque de données. Les eaux souterraines (nappesphréatiques) ne sont pas mieux loties, avec une surexploitation affectant 9% d’entre elles et 41% étant considérées comme trop polluées.
Cliquer pour agrandir. L’état chimique des eaux de surface françaises en 2009. Moins de la moitié des eaux de surfaces sont considérées comme ayant un bon état chimique. © Onema
Face à ce constat, l’Etat français demande à la Commission européenne des dérogations, à savoir des reports d’échéance ou des objectifs moins stricts, comme prévu par la DCE lorsque des raisons techniques, naturelles (temps de réaction du milieu) ou économiques (coûts disproportionnés auregard des bénéfices attendus) ne permettent pas d’atteindre le bon état en 2015.
Au total, la France demande des dérogations sur le bon état écologique de 36% de ses masses d’eau de surface (raisons techniques et naturelles) et sur le bon état chimique de 17% des eaux de surfaces (raisons techniques) et 36% des eaux souterraines (raisons naturelles).
Barrages et pollutions diffuses troublent les eaux de France
27 milliards d’euros sont attribués à l’atteinte du bon état des eaux d’ici 2015. Les deux principaux problèmes sont la restauration de la continuité écologique des cours d’eau et les pollutions diffuses générées par l’agriculture.
Le chantier de la continuité écologique, qui vise à permettre à la faune et aux sédiments de circuler librement depuis les sources jusqu’aux estuaires, pose le plus de difficultés. La destruction ou l’aménagement des ouvrages qui barrent les cours d’eau (barrages de retenue ou hydroélectriques) est en effet coûteux et difficilement accepté par les populations locales. En outre, cette démarche va à l’encontre d’un autre objectif, celui d’atteindre 23% d’énergie renouvelable en 2020...
En ce qui concerne les pollutions d’origine agricole, notamment en nitrates, les actions cibles essentiellement l’extension des mesures agro-environnementales (bandes enherbées, couvert végétal pour absorber les nitrates, etc.) et l’amélioration des pratiques agricoles. Pourtant ces mesures agro-environnementales (MAE), des contrats entre l’Etat et les agriculteurs sur des modes d’agriculture plus respectueux de l’environnement, restent des démarches volontaires compliquées à mettre en place pour des raisons administratives et limitées par la disponibilité des budgets.
Selon les associations de protection de la nature, seule une remise en cause du modèle agricole actuel pourrait être efficace pour restaurer et améliorer la qualité des eaux. Cela impliquerait de réduire drastiquement l’usage des engrais et des pesticides, comme le recommande le Grenelle de l’Environnement, et de réduire la production d’effluents (lisier, purin).
La généralisation de la lutte biologique et des cahiers des charges des MAE à l’ensemble de l’agriculture, ainsi que l’extension des exploitations d’agriculture bio et la diminution de l’intensivitéagricole pourraient être des éléments de solution.
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