lundi 30 septembre 2013

Ile-de-France: créer des emplois gâce aux déchets de chantier

Paris - La Région Ile-de-France a affirmé jeudi sa volonté d'utiliser l'augmentation des déchets de chantier pour développer leur recyclage et en faire un levier d'emplois non délocalisables.
En Ile-de-France, le secteur du BTP a généré en 2010 à lui seul 27 millions de tonnes de déchets (terres, bétons, bois, plâtres, PVC, etc.) dont seules 6 tonnes sont recyclées. Le secteur représente 17.600 emplois salariés.
L'avant-projet du Plan régional de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics (Predec) a été adopté à l'unanimité lors de la séance plénière du Conseil régional d'Ile-de-France.
«Il n'y avait pas d'obligation légale de le soumettre aux élus à ce stade mais il s'agissait de montrer l'adhésion de l'ensemble de groupes politiques sur cette question», a déclaré à l'AFP Corinne Rufet, vice-présidente EELV en charge de l'environnement.
En effet, l'épais document fera l'objet d'une enquête publique d'avril à octobre 2014, puis d'un vote des élus en novembre 2014 pour son adoption finale.
Il comporte un objectif de recyclage de 80% des déchets à l'horizon 2020, un taux d'autant plus ambitieux que la production de déchets va fortement augmenter dans la région avec les travaux du nouveau Grand Paris -- combinant le futur métro automatique et les prolongations de métros et de RER du plan de mobilisation -- et les construction de logements, pour résorber la pénurie actuelle.
Les projections font état d'une hausse de 15 à 20% de la production de déchets sur la période 2014-2020, qui pourrait atteindre +50% entre 2020 et 2026 au plus fort des creusements de tunnels.
«Il y a un potentiel de création d'emplois», a dit Mme Rufet. En effet, 100.000 tonnes de déchets inertes (terres non polluées) contribuent à 3 emplois si elles sont enfouies contre 9 si elles sont recyclées. Pour 10.000 tonnes de déchets dits non inertes (bois, isolants, vitrages, ferraille, béton, etc.) le rapport passe de 1 emploi pour l'enfouissement à 31 emplois pour le tri de collectes sélectives.
Par ailleurs, les installations de stockage des déchets sont très inégalement réparties sur le territoire: la Seine-et-Marne stocke à elle seule près de 80% des déchets de chantier.
Le Predec entend «résorber cette fracture territoriale» et propose un moratoire de trois ans sur toute nouvelle installation de stockage dans ce département, ainsi que de nouvelles règles de répartition des déchets en fonction d'un principe de proximité. Il s'agit aussi de réduire le trafic de camions à travers l'Ile-de-France.
Le groupe UMP, qui a voté le pré-projet, a toutefois apporté des bémols: le moratoire de trois ans pour la Seine-et-Marne «est insuffisant pour inverser la tendance». Par ailleurs, tout en soutenant aussi l'ambition de développer le transport fluvial des matériaux, l'opposition a rappelé que le projet de canal Seine-Nord (suspendu par le gouvernement socialiste qui a lancé une mission d'expertise en avril) avait pâti de l'opposition du groupe EELV au conseil régional, collectivité appelée à y contribuer

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