Le périmètre de restriction ou d’interdiction des cultures, autour de Métaleurop, pourrait être étendu par l’Etat. Le projet de décret ferait ainsi passer de 300 à 700 ha les parcelles concernées, réparties dans dix communes du Nord et du Pas-de-Calais, dont Dourges, Évin-Malmaison, Courcelles, noyelles-Godault et Leforest. Explications.
La nouvelle est tombée au cœur de l’été, sous la forme d’un courrier signé par les deux préfets, adressé aux maires des communes concernées : Dourges, Evin-Malmaison, Courcelles-les-Lens, Noyelles-Godault, Leforest, Ostricourt, pour le Pas-de-Calais, Auby, Flers-en-Escrebieux, Raimbeaucourt et Roost-Warendin, pour le Nord.
Dans ce document, il est expliqué aux élus que, compte tenu des résultats des campagnes de mesures dans les sols et les végétaux de la zone Métaleurop, il est préconisé « d’étendre les zones de gestion des productions agricoles jusqu’au niveau de concentration dans les sols de 4ppm de cadmium, au lieu de 5 ppm de cadmium auparavant. » Conséquence directe : « Les surfaces concernées passent d’environ 300 ha à près de 700 ha, et le nombre d’exploitations agricoles de 20 à 36. »
Réglementation européenne
Par ailleurs, et pour se mettre en conformité avec la réglementation européenne, les représentants de l’Etat annonçaient leur intention de rendre obligatoires, par un décret, « les mesures de gestion adressées jusqu’à ce jour sous forme de recommandations aux exploitants situés dans la zone polluée par du cadmium ou du plomb autour du site de Métaleurop. » Un projet de texte proposant des mesures restrictives pour la culture et la mise sur le marché des produits agricoles, a ainsi été joint au courrier, afin de permettre aux élus de faire des remarques sur son contenu.
Sur le fond, le décret définit trois zones soumises à des mesures différenciées. Dans la zone 1 (la plus proche de Métaleurop, là où le taux de cadmium est le plus élevé), les cultures seraient interdites.
Dans une deuxième couronne, la culture des productions fourragères, le pâturage des animaux et la mise sur le marché des productions végétales destinées à l’alimentation humaine, y compris en vente directe, seraient interdits.
En zone 3, l’interdiction ne porterait plus que la vente des productions végétales destinées à l’alimentation humaine, les fourrages produits dans la zone pouvant être utilisés en autoconsommation, et le pâturage autorisé sous réserve du respect d’un certain nombre de bonnes pratiques…
Concrètement, dans cette dernière zone, dans laquelle sont situées les surfaces agricoles du Douaisis polluées par Métaleurop, les agriculteurs ne pourraient plus vendre leurs légumes, notamment les pommes de terre, qui constituent pour la plupart de ces petites exploitations une source importante de revenus.
« Les enjeux sanitaires rendent nécessaire le renforcement des mesures de gestion », peut-on lire dans le courrier interpréfectoral. Pour en savoir plus, les exploitants agricoles concernés devront patienter jusqu’à la tenue d’une réunion, théoriquement programmée dans le courant du mois, qui mettra autour de la table les maires, la chambre d’agriculture et les représentants de l’État.
Du côté des communes du Pas-de-Calais
Quatre communes de notre agglomération sont concernées par ce projet interpréfectoral. Trois d’entre elles, Noyelles-Godault, Evin-Malmaison et Courcelles-les-Lens étaient déjà inclues dans le Plan d’intérêt général réglementant les constructions et les cultures. C’est en revanche une nouveauté pour Dourges et Leforest.
Bernard Staszewski, maire d’Évin-Malmaison : « Evin était déjà concernée par les interdictions contenues dans le Plan d’intérêt général (PIG). Cela ne change pas grand-chose pour les surfaces agricoles de la commune. Les communes les plus touchées par ce projet, c’est Dourges et Leforest. Nous avons deux agriculteurs qui ont dû cultiver une partie de leur production ailleurs, mais ce n’est pas nouveau. »
Christian Musial, maire de Leforest : « Je n’ai pas été informé de ce projet. Je sais qu’il y a une étude qui a été menée par l’ADEME sur les taux de cadmium et de plomb dont on a une présentation en 2012 et qui a été actualisée depuis. Il n’y a pas eu de suite depuis. Nous avons rencontré les services de la sous-préfecture à propos de notre Plan local d’urbanisme (PLU) et aucune prescription ne nous a été donnée au niveau de l’extension du PIG. Il y a des échantillonnages en cours effectués par l’Agence régionale de santé pour savoir si les cultures dans les jardins potagers doivent être réglementées. 922 jardins potagers des communes autour de Metaleurop ont été identifiés. 250 font l’objet d’une enquête. Les zones prioritaires sont Courcelles, Evin et Noyelles-Godault. Une commission de suivi se réunira en juin 2014. »
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