Produire
plus et mieux tout en consommant et en rejetant moins, tel est l'enjeu
de l'industrie aujourd'hui. Pour y répondre, le secteur de la chimie mise sur le végétal.
Le principe est simple : remplacer les molécules issues de la
pétrochimie par des molécules aux propriétés similaires issues du
végétal. Les matières biosourcées, comme les huiles végétales, les
amidons, le glucose ou la biomasse lignocellulosique (bois, paille),
représentaient déjà 12% des approvisionnements pour la fabrication de
produits chimiques en France en 2014. Une part qui devrait grimper à 15%
d'ici 2017 et 20% en 2020 selon les engagements de l'Union des
industries chimiques.
Cette ambition se traduit par le développement, ces dernières années, de pôles agroindustriels regroupant les activités de recherche et développement au plus près de la ressource agricole : l'Institut européen de la bioraffinerie Reims Champagne-Ardenne situé à Pomacle-Bazancourt dans la Marne ou encore le P.I.V.E.R.T. sur les oléagineux à Compiègne dans l'Oise en sont l'exemple. Plusieurs groupes français de l'agro-industrie tels que Roquette, Sofiprotéol ou Teros font partie des leaders mondiaux dans la valorisation des matières premières agricoles. En parallèle, un vivier de start-up à l'image de Metabolic Explorer, Deinove, Fermentalg ou encore Global Bioénergies assurent le développement de nouveaux procédés chimiques à partir de matières premières non agricoles ou d'algues. Le tout appuyé par une implication politique via le positionnement de la filière parmi les 34 plans de la Nouvelle France industrielle ou dans les sept ambitions pour la France de l'innovation à l'horizon 2025.
Les formations pluridisciplinaires convoitées
Malgré ses atouts significatifs, la filière va devoir faire face à de nombreux défis et notamment en matière de recrutement. "Nous avons besoin de personnes très qualifiées, des ingénieurs et des techniciens supérieurs, détaille Christophe Rupp-Dahlem, président de l'association chimie du végétal. Or, il n'existe que très peu d'écoles qui forment aux métiers des biotechnologies". Travailler avec de la biomasse végétale sous-entend avoir besoin de micro-organismes pour transformer cette ressource en molécules utilisables dans l'industrie. Les biotechnologies nécessitent par conséquent des compétences qui allient la biologie et la chimie. Ce ne sont pas forcément de nouvelles qualifications qui sont recherchées mais plutôt une adaptation aux spécificités de la matière végétale. La nouveauté réside surtout dans une indispensable interdisciplinarité. Depuis 2008, le pôle de compétitivité Industrie & Agro-ressources (IAR) labellise les formations qui répondent à l'attente de la filière. "Aujourd'hui, 42 formations, répertoriées dans un livret distribué à tous les partenaires du pôle, ont été labélisées", détaille Guillaume Joly, responsable Animation territoriale et Formation du pôle IAR. Le master Transformation et valorisation des ressources naturelles de l'université Picardie Jules Verne et l'université de technologie de Compiègne ou encore la licence professionnelle Agro-ressources et environnement de l'université de Reims Champagne Ardenne en font partie.
La transversalité est un facteur clef mis en avant par les industriels. Mais sur le terrain de la formation elle se confronte au cloisonnement historique entre les disciplines de la chimie et des sciences du vivant. "Nous manquons de personnel qualifié en génie chimique et biologique, confirme M. Rupp-Dahlem. Sans oublier les métiers transverses qui visent à vérifier l'impact de ces nouveaux produits et notamment le bilan environnemental". Il s'agit, par exemple, de déterminer les impacts de tel végétal dans tel procédé, d'identifier des débouchés possibles pour des coproduits, de développer des techniques de production et procédés plus propres et moins énergivores, de s'interroger aussi sur la manière de traiter les déchets produits. Toutes les compétences qui permettent de comprendre les impacts multiples et multifactoriels de la production chimique (analyse des cycles de vie en lien avec le génie et l'optimisation des procédés), de contrôler et de mettre en avant les performances environnementales de cette filière sont particulièrement attendues.
Le management de l'innovation incontournable pour pérenniser la filière
Dans une étude réalisée courant 2014 par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) à la demande du pôle IAR, 32 métiers ont été identifiés comme stratégiques pour ce secteur (cf. cartographie). Autrement dit, des métiers qui représentent un rôle clé pour la valeur ajoutée d'une entreprise et dans son positionnement stratégique à l'horizon 3-5 ans. Les métiers cadres sont particulièrement représentés comme c'est le cas dans toute l'industrie chimique. Toutefois, plusieurs métiers non-cadres ont été identifiés : agent d'exploitation silo, opérateur de fabrication, technicien bioprocédés voire, en fonction du profil, technico-commercial. Les industriels recherchent dans tous les cas une montée en compétences. Mais la filière doit surtout renforcer ses savoir-faires en management de l'innovation. C'est bien d'innover dans un laboratoire, c'est encore mieux de transformer l'essai en industrialisant les procédés. Or, selon le cabinet Xerfi, la phase d'industrialisation est la plus critique. "De nombreuses petites structures innovantes ont dû se résigner, après avoir mal négocié le virage de l'industrialisation, à mettre leur matière grise au service de contrats d'études ou à céder des licences, limitant leurs chances de développement", commente Flavien Vottero dans son analyse de décembre 2014.
Les profils ayant un socle de connaissances scientifiques solide, mais qui sont également en mesure de piloter des projets, diriger des équipes et réaliser de l'ingénierie de l'innovation, sont donc particulièrement convoités. Leur rôle apparaît aujourd'hui d'autant plus important que les conditions de financement de l'innovation incitent à développer des collaborations entre différents types de partenaires (laboratoires privés, mais aussi publics). Le management de l'innovation implique aussi de s'intéresser aux moyens à déployer pour sécuriser la recherche (en place de brevets, de licences).
Florence Roussel, journalisteCette ambition se traduit par le développement, ces dernières années, de pôles agroindustriels regroupant les activités de recherche et développement au plus près de la ressource agricole : l'Institut européen de la bioraffinerie Reims Champagne-Ardenne situé à Pomacle-Bazancourt dans la Marne ou encore le P.I.V.E.R.T. sur les oléagineux à Compiègne dans l'Oise en sont l'exemple. Plusieurs groupes français de l'agro-industrie tels que Roquette, Sofiprotéol ou Teros font partie des leaders mondiaux dans la valorisation des matières premières agricoles. En parallèle, un vivier de start-up à l'image de Metabolic Explorer, Deinove, Fermentalg ou encore Global Bioénergies assurent le développement de nouveaux procédés chimiques à partir de matières premières non agricoles ou d'algues. Le tout appuyé par une implication politique via le positionnement de la filière parmi les 34 plans de la Nouvelle France industrielle ou dans les sept ambitions pour la France de l'innovation à l'horizon 2025.
Les formations pluridisciplinaires convoitées
Malgré ses atouts significatifs, la filière va devoir faire face à de nombreux défis et notamment en matière de recrutement. "Nous avons besoin de personnes très qualifiées, des ingénieurs et des techniciens supérieurs, détaille Christophe Rupp-Dahlem, président de l'association chimie du végétal. Or, il n'existe que très peu d'écoles qui forment aux métiers des biotechnologies". Travailler avec de la biomasse végétale sous-entend avoir besoin de micro-organismes pour transformer cette ressource en molécules utilisables dans l'industrie. Les biotechnologies nécessitent par conséquent des compétences qui allient la biologie et la chimie. Ce ne sont pas forcément de nouvelles qualifications qui sont recherchées mais plutôt une adaptation aux spécificités de la matière végétale. La nouveauté réside surtout dans une indispensable interdisciplinarité. Depuis 2008, le pôle de compétitivité Industrie & Agro-ressources (IAR) labellise les formations qui répondent à l'attente de la filière. "Aujourd'hui, 42 formations, répertoriées dans un livret distribué à tous les partenaires du pôle, ont été labélisées", détaille Guillaume Joly, responsable Animation territoriale et Formation du pôle IAR. Le master Transformation et valorisation des ressources naturelles de l'université Picardie Jules Verne et l'université de technologie de Compiègne ou encore la licence professionnelle Agro-ressources et environnement de l'université de Reims Champagne Ardenne en font partie.
La transversalité est un facteur clef mis en avant par les industriels. Mais sur le terrain de la formation elle se confronte au cloisonnement historique entre les disciplines de la chimie et des sciences du vivant. "Nous manquons de personnel qualifié en génie chimique et biologique, confirme M. Rupp-Dahlem. Sans oublier les métiers transverses qui visent à vérifier l'impact de ces nouveaux produits et notamment le bilan environnemental". Il s'agit, par exemple, de déterminer les impacts de tel végétal dans tel procédé, d'identifier des débouchés possibles pour des coproduits, de développer des techniques de production et procédés plus propres et moins énergivores, de s'interroger aussi sur la manière de traiter les déchets produits. Toutes les compétences qui permettent de comprendre les impacts multiples et multifactoriels de la production chimique (analyse des cycles de vie en lien avec le génie et l'optimisation des procédés), de contrôler et de mettre en avant les performances environnementales de cette filière sont particulièrement attendues.
Le management de l'innovation incontournable pour pérenniser la filière
Dans une étude réalisée courant 2014 par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) à la demande du pôle IAR, 32 métiers ont été identifiés comme stratégiques pour ce secteur (cf. cartographie). Autrement dit, des métiers qui représentent un rôle clé pour la valeur ajoutée d'une entreprise et dans son positionnement stratégique à l'horizon 3-5 ans. Les métiers cadres sont particulièrement représentés comme c'est le cas dans toute l'industrie chimique. Toutefois, plusieurs métiers non-cadres ont été identifiés : agent d'exploitation silo, opérateur de fabrication, technicien bioprocédés voire, en fonction du profil, technico-commercial. Les industriels recherchent dans tous les cas une montée en compétences. Mais la filière doit surtout renforcer ses savoir-faires en management de l'innovation. C'est bien d'innover dans un laboratoire, c'est encore mieux de transformer l'essai en industrialisant les procédés. Or, selon le cabinet Xerfi, la phase d'industrialisation est la plus critique. "De nombreuses petites structures innovantes ont dû se résigner, après avoir mal négocié le virage de l'industrialisation, à mettre leur matière grise au service de contrats d'études ou à céder des licences, limitant leurs chances de développement", commente Flavien Vottero dans son analyse de décembre 2014.
Les profils ayant un socle de connaissances scientifiques solide, mais qui sont également en mesure de piloter des projets, diriger des équipes et réaliser de l'ingénierie de l'innovation, sont donc particulièrement convoités. Leur rôle apparaît aujourd'hui d'autant plus important que les conditions de financement de l'innovation incitent à développer des collaborations entre différents types de partenaires (laboratoires privés, mais aussi publics). Le management de l'innovation implique aussi de s'intéresser aux moyens à déployer pour sécuriser la recherche (en place de brevets, de licences).
Rédactrice en Chef
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire