L'amiante a été très largement utilisé au 20e siècle pour ses performances et ses propriétés isolantes jusqu'à son interdiction le 1er
janvier 1997. Nombre de mesures ont été prises depuis pour protéger les
travailleurs et le public des risques sanitaires induits par l'amiante
déjà en place, principalement dans les bâtiments. Encore aujourd'hui,
l'exposition à l'amiante reste la plus importante cause des cancers
professionnels et constitue le facteur de risque principal du
mésothéliome. En France, alors qu’une exposition professionnelle à
l’amiante est retrouvée dans une majorité des cas de mésothéliomes chez
les hommes, une telle exposition professionnelle est retrouvée dans
moins de la moitié des cas chez les femmes.
D’où la nécessité de mieux identifier les situations professionnelles exposantes à l’amiante chez les femmes et de mieux cerner les expositions environnementales qui pourraient être à l’origine d’une proportion conséquente de cas.
D’où la nécessité de mieux identifier les situations professionnelles exposantes à l’amiante chez les femmes et de mieux cerner les expositions environnementales qui pourraient être à l’origine d’une proportion conséquente de cas.
L’InVS
a mis en place depuis 1998 plusieurs systèmes de surveillance dont
l’objectif est de décrire les modalités d’exposition professionnelle, et
depuis plus récemment les modalités d’exposition extraprofessionnelle :
- le Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM) mis en place dès 1998 ;
- la déclaration obligatoire (DO) mésothéliome mise en œuvre en 2012 et contribuant à décrire les modalités d’expositions extraprofessionnelles ;
- les programmes de suivi post-professionnel (ESPrI) et le suivi des dispositifs de réparation (Fiva).
Par ailleurs, des outils tels que la base de
données Ev@lutil et les matrices emploi-expositions contribuent à
l'évaluation des expositions professionnelles aux fibres d'amiante. De
plus, l'InVS a réalisé des études d’évaluation de risque portant sur des
situations particulières d’exposition extra-professionnelle à l’amiante
: exposition environnementale des populations riveraines
d’affleurements naturels, ou d’anciens sites industriels d’exploitation
ou de transformation de l’amiante.
Points sur les connaissances
Quelles sont les utilisations de l'amiante ?
L’amiante, du grec amiantos,
signifiant incorruptible, est un matériau fibreux naturel composé de
silicates magnésiens ou calciques et reconnu pour ses propriétés
réfractaires.
La production et l’utilisation
de l’amiante (dont on distingue deux variétés principales, le
chrysotile et les amphiboles) ont augmenté dès le début du XXe siècle, jusqu’à leur interdiction le 1er janvier 1997.
On
estime que durant la période de son plein essor industriel (de 1937 à
1995), environ 80 kg d’amiante par habitant ont été importés en France.
Pour les seules cinq années, de 1971 à 1975, la consommation d’amiante
en France a été d’environ 145 000 tonnes.
C’est
dans le secteur de la construction que l’amiante a été le plus
largement utilisé à diverses fins et sous des formes variées. On citera,
en premier lieu, l’amiante-ciment. Mais on trouve, dans le bâtiment, de
nombreux autres produits contenant de l’amiante : dalles de revêtement
de sol, sous-couches en carton, matériaux isolants, ignifuges ou
d’étanchéité, les joints et garnitures de friction, carreaux de feutre,
feutres bituminés… Il faut également signaler un large usage de
l’amiante sous forme de flocage, pour accroître la résistance au feu des
structures ou améliorer l’isolation phonique et acoustique des
bâtiments, ainsi que pour le calorifugeage de diverses sources de
chaleur.
Hormis le bâtiment, un large
éventail de secteurs d’activité a recouru à l’amiante sous diverses
formes, parmi lesquelles : les cartons et papiers, les textiles, les
filtres (à air, à usage médical…), etc.
L’amiante
était également présent dans certains articles à usage domestique comme
les tables et housses à repasser, les grille-pain, les panneaux
isolants pour le bricolage et les appareils de chauffage mobiles.
Les principales circonstances d'exposition à l'amiante
Du
fait de la multiplicité de ses usages, l’amiante présente un caractère
quasiment ubiquitaire dans les pays industrialisés, et les circonstances
dans lesquelles les populations peuvent y être exposées sont très
diverses. Il existe trois grandes sources d’exposition :
professionnelles, paraprofessionnelles ou domestiques et
environnementales.
L'exposition professionnelle
Dans les pays industrialisés, les
activités professionnelles sont de très loin la source d’exposition la
plus importante. Elle concerne des personnes qui, dans le cadre de leur
travail : produisent l’amiante, l’utilisent directement pour diverses
opérations de transformation, d’isolation thermique ou phonique, ou
encore interviennent sur des matériaux en contenant.
Du
fait de la très large dissémination de l’amiante au fil du temps, les
professions concernées par l’exposition à ce matériau ont évolué au long
des décennies. Dans les années 60, les principales professions touchées
étaient celles de la production et de l’utilisation de l’amiante qui
entraînaient une exposition massive. En revanche, depuis les années 80
et 90, les métiers les plus souvent exposés à l’amiante sont ceux qui
impliquent des tâches d’intervention sur des matériaux en contenant,
entraînant une exposition discontinue.
La
multiplicité des usages de l’amiante explique le nombre très important
de personnes exposées lors de leurs activités professionnelles. Il est
estimé qu’environ un quart des salariés hommes actuellement retraités en
France ont été exposés au moins une fois à l’amiante au cours de leur
vie professionnelle 1,2.
L'exposition paraprofessionnelle ou domestique
L’exposition
paraprofessionnelle concerne des personnes qui sont en contact avec des
travailleurs du premier groupe, notamment en milieu domestique, et qui
peuvent être exposées aux poussières d’amiante transportées notamment
par les vêtements de travail.
On utilise le
terme d’exposition « domestique » pour désigner d’autres sources de
pollution occasionnées par des objets ménagers contenant de l’amiante
(planche à repasser, panneaux isolants, grille-pain, appareils de
chauffage mobiles, etc.). S’y ajoute l’exposition liée aux activités de
bricolage : changement de garnitures de freins, construction d’un abri
de jardin en fibrociment, remplacement de joints contenant de l’amiante
(fours de cuisine, gazinières, cheminées, etc.).
L'exposition environnementale
L’exposition environnementale peut être divisée en trois catégories :
- pollution émise par une source naturelle (site géologique) ;
- pollution émise par une source industrielle ponctuelle (mine d’amiante, usine de transformation d’amiante) ;
- pollution émise par l’amiante mis en place dans les bâtiments et installations diverses, et dont des fibres peuvent être « relarguées » dans l’atmosphère, soit du fait de la dégradation des installations, soit du fait d’interventions sur celles-ci.
Impact sanitaire
L’amiante
provoque des pathologies malignes (mésothéliome et cancers du poumon,
du larynx et de l’ovaire) et des pathologies bénignes de l’appareil
respiratoire (asbestose et plaques pleurales.
La
principale localisation du mésothéliome concerne la plèvre, suivie par
le péritoine. Les autres localisations (péricarde et vaginale
testiculaire) sont exceptionnelles.
Le seul
facteur de risque connu associé au mésothéliome étant l’exposition à
l’amiante, cette pathologie est considérée comme un marqueur de
l’exposition et elle est retenue pour évaluer l’impact sanitaire de
l’exposition à l’amiante.
Le temps de latence entre l’exposition et la survenue de la maladie se situe en moyenne entre 30 et 40 ans.
Cependant,
l’impact de l’exposition à l‘amiante ne se limite pas au mésothéliome :
aujourd’hui, on estime en effet que 8,2 à 13% des cancers du poumon
chez l’homme en France seraient attribuables à une exposition
professionnelle à l’amiante. Ce taux est bien moindre chez les femmes
(0,4 à 1%).
L’évolution de la mortalité
montre, comme celle de l’incidence, une augmentation globalement
importante sur la période 1975-2006 pour les deux sexes mais qui semble
se stabiliser sur la période la plus récente. Si le nombre absolu de
décès continue d’augmenter, du fait de l’accroissement de la population
et de son vieillissement, une stabilisation du taux de mortalité pour
les cas les plus jeunes (moins de 65 ans) est observée.
Par
ailleurs, aucune tendance évolutive particulière du nombre annuel de
cas incidents de mésothéliome n’est observée ces dix dernières années.
Ce nombre peut être estimé entre 710 et 870, soit 0,3% de l’ensemble des
cancers. Ces cancers prédominent chez les hommes (~3 cas/4). Entre 520
et 630 sont dus à une exposition professionnelle à l’amiante, tous sexes
et classes d’âge confondus.
Ces phénomènes
pourraient être le reflet de la réduction des expositions
professionnelles à l’amiante à partir de la fin des années 1970, date à
laquelle ont été mises en place les premières réglementations visant la
protection des travailleurs vis-à-vis de l’amiante.
Prise en charge des victimes
Les
maladies générées par l’exposition professionnelle à l’amiante sont
inscrites au tableau des maladies professionnelles (TMP) du régime
d’assurance maladie des salariés et des exploitants agricoles
("affections professionnelles consécutives à l’inhalation de poussières
d’amiante" et "cancer broncho-pulmonaire provoqué par l’inhalation des
poussières d’amiante"). Par ailleurs, depuis 2002, toute personne
victime des effets de l’amiante, quelle que soit la source d’exposition
et quelle que soit son affiliation à un régime de Sécurité sociale, peut
obtenir une indemnisation auprès du Fonds d’indemnisation des victimes
de l’amiante (Fiva), mis en place par décret du 23 octobre 2001.
Déclaration obligatoire (DO) des mésothéliomes
La
DO mésothéliome a été mise en place en janvier 2012 à la demande du
ministère de la Santé (décret n°2012-47 du 16 janvier 2012 complétant la
liste des maladies faisant l'objet d'une transmission obligatoire de
données individuelles à l'autorité sanitaire, arrêté du 6 février 2012).
Ce décret fait suite à l’avis du Haut Conseil de la santé publique
(HCSP) d’octobre 2010 de renforcer la surveillance des mésothéliomes
dans les zones non couvertes par le PNSM ainsi que des mésothéliomes
localisés hors plèvre (soit 12% à 15% des cas), et d’améliorer la
connaissance des cas liés à des expositions environnementales. La DO
mésothéliome est inscrite dans le Plan cancer 2009-2013 (mesure 9.1).
Elle concerne les mésothéliomes de tous les sites anatomiques (plèvre,
péritoine, péricarde, vaginale testiculaire), soit environ 800 à 1 200
cas par an. Elle s’impose à tous les médecins, pathologistes et
cliniciens, qui en font le diagnostic.
Les objectifs de cette DO, complémentaires de ceux du Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM), sont les suivants :- renforcer la surveillance épidémiologique des mésothéliomes de tous sites anatomiques (plèvre, péritoine et autres localisations) dans toute la France (métropole et outre-mer) ;
- mieux comprendre les facteurs d’exposition notamment environnementaux dans trois populations ciblées représentant environ 300 cas par an : les mésothéliomes survenant chez les femmes, chez les moins de 50 ans et les mésothéliomes extrapéritonéaux et notamment du péritoine. Ces cas, identifiés par la notification, feront ensuite l’objet d’une enquête d’exposition permettant notamment d’approfondir la connaissance de leurs possibles origines environnementales.
L’organisation et le traitement du système de
notification et des enquêtes sont assurés par l’InVS (département
Santé-Travail en collaboration avec le département santé environnement).
Le système de notifications devra être opérationnel et performant
(proche de l’exhaustivité) lors du démarrage des enquêtes. Ainsi,
l’année 2012 est consacrée à la mise en place du dispositif de
notification dans toutes les régions métropolitaines et ultramarines,
accompagnée par le DST avec l’appui des Cire. Les cellules de veille et
de gestion sanitaires des alertes des agences régionales de santé sont
les acteurs réglementaires pour le traitement des fiches de notification
au niveau de chaque région. Les réseaux régionaux de cancérologie sont
fortement impliqués en tant que relais d’information des médecins
potentiellement déclarants au niveau régional. Le démarrage des enquêtes
est envisagé en 2013. Les travaux préparatoires sont menés dans le
cadre d’un groupe de travail de l’InVS impliquant des spécialistes des
enquêtes PNSM. La réalisation des enquêtes DO est une mission des Cire.
Cependant des solutions alternatives (équipe PNSM, Réseau régional de
cancérologie, registre de cancers…) seront possibles dans certaines
régions pour prendre en charge ces enquêtes. Le DSE traitera les
différents types d’exposition environnementale :
- environnement extérieur sites polluants ou ayant pollué ;
- environnement extérieur sites naturels ;
- bricolage ;
- domestique ;
- paraprofessionnelle ;
- intramurale passive (désamiantage…).
Exposition professionnelle à l'amiante
Dans les pays industrialisés, la source
d’exposition de très loin la plus importante provient des activités
professionnelles. Il s’agit des personnes qui, dans le cadre de leur
activité professionnelle, produisent l’amiante, utilisent ce matériau
directement pour diverses opérations de transformation ou d’isolation
thermique ou phonique, ou interviennent sur des matériaux contenant de
l’amiante.
Du fait de la très large
dissémination de l’amiante au fil du temps, les professions concernées
par les expositions à ce matériau ont évolué au fil des décennies. Dans
les années 1960, les principales professions touchées étaient celles de
la production et de l’utilisation de l’amiante qui entraînaient des
expositions massives, alors que depuis les années 1980 et 1990, les
métiers les plus souvent exposés à l’amiante sont ceux qui impliquent
des tâches d’intervention sur des matériaux contenant de l’amiante,
entraînant des expositions discontinues.
La
multiplicité des usages de l’amiante explique le nombre très important
des personnes exposées à l’occasion de leurs activités professionnelles.
Ainsi, il a été montré qu’un quart de tous les hommes salariés
actuellement retraités en France a été exposé au moins une fois au cours
sa vie professionnelle à l’amiante.
Evaluation individuelle : repérer les situations d'exposition
Le Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM),
système de surveillance épidémiologique des effets de l’amiante sur la
santé de la population française, permet d’estimer le nombre annuel de
cas incidents de mésothéliome, d’identifier et de quantifier les
secteurs industriels et les professions présentant les plus hauts
risques, et de calculer la fraction de risque de mésothéliome
attribuable à une exposition professionnelle à l’amiante.
Ainsi,
actuellement la fraction de risque de mésothéliome attribuable à des
expositions professionnelles dans la population française est de 83,2 %
(IC 95% : [76,8-89,6]) chez les hommes et de 38,3 % (IC 95% :
[26,6-50,0]) chez les femmes. Il s’agit de la proportion théorique des
cas qui auraient été évités si l’exposition n’avait pas existé.
- En savoir plus : Gilg Soit Ilg A, Goldberg M, Rolland P, Chamming‘s S, Ducamps S et al. Programme national de surveillance du mésothéliome – Principaux résultats 1998-2006. Saint-Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire. 2009, 24 p.
Evaluation populationnelle : description des populations exposées
L’exposition
en milieu professionnel est estimée selon deux indicateurs : la
proportion de personnes exposées à un moment donné (prévalence
"instantanée") et la proportion de personnes ayant été exposées à
l’amiante au moins une fois dans leur vie professionnelle (prévalence
"vie entière"). Cette dernière est adaptée à l’étude des risques pour la
santé, la dose cumulée d’amiante tout au long de la vie étant associée
de façon linéaire au risque de cancer. Cette prévalence varie beaucoup
selon le sexe, les secteurs d’activité, les classes d’âge et les
cohortes de naissance, reflétant l’histoire de l’introduction et de la
diffusion de l’amiante en France.
Ces deux
prévalences sont obtenues à partir du croisement d’un échantillon
d’histoires professionnelles, représentatif de la population générale
(10 000 personnes) en 2007 et d’une matrice emplois-expositions
spécifique de l’amiante. Par ailleurs, ces matrices sont croisées avec
d’autres populations spécifiques (salariés, artisans, etc.) permettant
d’obtenir la prévalence d’exposition par secteurs d’activité, par
catégories socioprofessionnelles, par professions, etc.
Quel
que soit le sexe, les ouvriers et les artisans ont les prévalences
d’exposition les plus élevées (chez les hommes, respectivement 2,5 % et
1,1 %). La prévalence la plus faible est observée chez les cadres (0,1 %
chez les hommes).
Si l’on considère la
profession chez les hommes, 25,7 % des plombiers-tuyauteurs, 17,5 % des
tôliers-chaudronniers et 19,2 % des soudeurs et oxycoupeurs étaient
encore exposés aux fibres d’amiante en 2007.
En
2007, quel que soit le sexe, les proportions de sujets exposés pour les
secteurs de la construction, du commerce et de la réparation
automobile, de la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques
sont de 6,3 %, 3,1 % et 0,1 % respectivement.
Exposition environnementale à l'amiante
L’impact de l’amiante sur la santé des
travailleurs exposés est aujourd’hui bien connu et documenté par de très
nombreuses publications scientifiques. En revanche, les modalités
d’exposition extraprofessionnelles restent mal connues.
La déclaration obligatoire (DO) du mésothéliome,
entrée en vigueur en janvier 2012, permettra d’améliorer la
connaissance des cas d’origine non professionnelle en renforçant la
surveillance des mésothéliomes (notamment dans les zones non couvertes
par le PNSM). Actuellement on estime que moins de 10 % des cas chez les
hommes et 50 % chez les femmes sont liés à des expositions
"environnementales" au sens large (environnementale, domestique ou
paraprofessionnelle).
Outre ces dispositifs
mis en place par l’InVS pour surveiller l’impact de l’exposition à
l’amiante, un certain nombre d’études (nationales et locales) ont été
réalisées visant à estimer l’exposition environnementale passée et
actuelle à l’amiante. Ces études portent sur des situations
particulières d’exposition : celle de populations riveraines soit
d’affleurements naturels, soit d’anciens sites industriels
d’exploitation ou de transformation de l’amiante, ainsi que celle de
populations exposées à l’amiante présent à l’intérieur des bâtiments.
Exposition à des sites naturels
En
2006, une étude cas-témoins a été réalisée afin de comparer les risques
de mésothéliome selon l’exposition environnementale passée des
populations riveraines d’anciens sites industriels d’exploitation ou de
transformation de l’amiante.
Parallèlement,
était menée une étude d’estimation de l’exposition actuelle des
populations riveraines de sites naturels. L’étude a montré qu’en France
continentale (la Corse faisant l'objet d'étude par ailleurs) le nombre
de personnes riveraines d’affleurements naturels d’amiante et
potentiellement exposées était réduit. Les quelques sites existant en
France continentale présentent en effet une faible superficie et les
trois zones les plus à risque, situées en montagne, sont très peu
fréquentées. Or les mesures de fibres dans l’air ont montré que
l’exposition des populations à l’amiante des affleurements naturels
était conditionnée par la fréquentation de ces sites. Les perturbations
mécaniques liées aux activités humaines (perturbations anthropiques)
jouent en effet un rôle essentiel dans le niveau de fibres émises à
partir d’un sol riche en amiante.
- En savoir plus : Daniau C, Cosson J, Dor F. Exposition environnementale à l'amiante chez les personnes riveraines d'affleurements de roches amiantifères en France continentale. Rapport final. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; Paris : BRGM ; 2008. 73 p.
Etude de pollution environnementale en Corse
En France, les premières données
concernant l’exposition environnementale à l’amiante proviennent de
Corse. L’Est de l’île comporte de nombreux affleurements naturels de
roches amiantifères et plusieurs études épidémiologiques ont mis en
évidence un risque lié à une telle exposition environnementale.
Plusieurs cas de mésothéliomes ont été enregistrés chez des personnes
résidant dans cette région et non exposées professionnellement à
l’amiante.
En 2004, des mesures sur la
teneur de l’air en fibres d’amiante ont montré que 133 communes étaient
concernées, avec des concentrations jusqu’à 5 à 6 fois supérieures au
seuil réglementaire de 5 fibres par litre d’air, tant à l’extérieur qu’à
l’intérieur des habitations. Il s’agissait majoritairement de fibres de
trémolite, considérée comme un marqueur de pollution environnementale à
l’amiante.
L’évaluation du risque sanitaire
portant sur les risques de décès par cancer du poumon et par
mésothéliome pleural, réalisée par la Ddas, a montré un excès de risque
individuel "vie entière" pour le mésothéliome.
À
l’issue de cette étude et compte tenu de cette situation
environnementale particulière, sur les recommandations de l’InVS, pour
répondre au besoin de suivi sanitaire des populations locales, la DGS a
demandé la mise en place de la surveillance des cas de mésothéliome en
Corse dans le cadre du Programme national de surveillance du
mésothéliome (PNSM). La région Corse a été incluse dans le PNSM en 2006.
- En savoir plus :
Mesures de la teneur de l'air en fibres
d'amiante d'origine environnementale dans un échantillon de communes du
département de la Haute-Corse. Rapport des campagnes 2001, 2002 et 2003.
Rapport Ddass Haute-Corse. Février 2004.
L’amiante environnementale en Corse, Ddass Haute-Corse. Février 2004.Exposition environnementale à des sites industriels
Etude cas-témoin en population générale sur l'exposition passée des riverains de sites industriels
En
2006, une étude cas-témoins a été menée au niveau national pour évaluer
l’augmentation de risque de mésothéliome pleural selon l’exposition
environnementale passée des populations riveraines d’anciens sites
industriels d’exploitation ou de transformation de l’amiante.
Réalisée
à partir des cas de mésothéliomes non professionnels et de témoins
enregistrés dans la base du programme national de surveillance du
mésothéliome (PNSM), l’étude utilisait aussi un Système d’information
géographie (Sig) et combinait l’intensité, la distance entre les
adresses des sujets et les sites ainsi que la durée de séjour à chaque
adresse.
En France, au total, 553 sites
industriels et 1 119 chantiers navals ont été recensés et localisés.
Pour les hommes, 24 cas (69 %) et 193 témoins (64 %) avaient un score
d’exposition environnementale différent de 0, et pour les femmes, 48 cas
(66 %) et 94 témoins (66 %) avaient un score différent de 0. Chez les
femmes, l’augmentation du risque de mésothéliome n’était pas
significative, avec un OR=1,2 (IC 95% [0,7-2,3]). Pour les hommes, l’OR
était de 0,9 (IC 95% [0,4-1,8]).
Cette étude
a donc permis d’utiliser des méthodes nouvelles pour une meilleure
estimation de l’exposition environnementale à l’amiante des sujets. Elle
a souligné la difficulté d’avoir des données précises pour estimer
cette exposition environnementale et a permis d’émettre des
recommandations sur les données pertinentes à prendre en compte pour
mieux définir cette exposition, comme la durée de l’activité de
l’industrie, le type de fibre utilisée, le processus industriel ou
encore le volume d’amiante produit.
- En savoir plus : Vandentorren S. Exposition environnementale à l’amiante chez les personnes riveraines d’anciens sites industriels et affleurements naturels. Étude cas-témoins à partir des données du Programme national de surveillance du mésothéliome. Saint-Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire. 2009, 23 p.
Etude nationale d'évaluation des expositions actuelles
Parallèlement une autre étude avait pour but d’estimer l’exposition actuelle des populations riveraines d’anciens sites industriels d’exploitation ou de transformation de l’amiante et des sites naturels amiantifères pour présager des conséquences futures. Pour des problèmes d’accès aux sites, l’InVS n’a pu évaluer l’exposition actuelle des populations voisines des anciens sites industriels. L’étude a donc été restreinte aux seuls sites naturels.- En savoir plus : Exposition environnementale à l’amiante chez les personnes riveraines d’anciens sites industriels et d’affleurements naturels : choix méthodologiques, analyse des données disponibles, modalités de recueil. Rapport final. Saint-Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire. 2007, 65 p.
Autour d'une ancienne usine de broyage d'amiante à Aulnay-sous-Bois
En
France, la première étude sur l’exposition passée de populations
résidant à proximité d’une usine spécialisée dans la transformation de
l’amiante a été menée par l’InVS. L’étude autour d’une ancienne usine de
broyage d’amiante (le site du Comptoir des minéraux et matières
premières à Aulnay-sous-Bois, Seine-Saint-Denis) a été mise en œuvre
pour répondre aux interrogations de la population après le décès par
mésothéliome de riverains de l’usine.
Réalisée
en étroite concertation avec la Préfecture ainsi que les associations
de défense des victimes de l’amiante et des riverains, cette étude a
permis de préciser l’exposition passée des populations vivant à
proximité d’industries de ce type. Elle conclut que l’activité passée de
cette entreprise « a engendré des expositions environnementales
suffisamment importantes pour conduire à des cas de pathologies liées à
l’amiante au sein des populations voisines ».
La
modélisation des périmètres de dispersion des fibres d’amiante (émises
dans le passé) a permis de guider les décideurs dans leurs actions
futures pour gérer ce type de site.
- En savoir plus : Counil E, Daniau C, Isnard H. Etude de santé publique autour d’une ancienne usine de broyage d’amiante : le Comptoir des minéraux et matières premières à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) - Pollution environnementale entre 1938 et 1975 : impacts sanitaires et recommandations. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire. 2007, 254 p.
Exposition intramurale
Etude de pollution des locaux de travail au campus universitaire de Jussieu
Entre
2001 et 2002, cinq cas de mésothéliome étaient diagnostiqués parmi le
personnel du campus universitaire de Jussieu (Paris, France). Suite au
signalement de ces cas à l’InVS par le Comité anti-amiante de Jussieu,
une étude a été mise en place. Parmi ces cas, aucune exposition
professionnelle active, domestique ou environnementale n’a pu être
identifiée, exceptée l’utilisation rare, pour certains, de produits de
protection contenant de l’amiante.
C’était
la première fois que l’on décrivait plusieurs cas de mésothéliome
pleural parmi des sujets travaillant dans un bâtiment floqué (recouvert
d’une couche de protection anti-incendie contenant de l’amiante et un
liant), mais n’ayant pas subi d’exposition active à l’amiante.
L’étude
concluait en soulignant l’importance de l’impact sanitaire de la
pollution des locaux de travail où les personnes passent une partie
importante de leur temps.
- En savoir plus : Buisson C, Pilorget C, Julliard S, Luce D, Goldberg M, Imbernon E. Campus universitaire de Paris-Jussieu, France : un cluster de cinq cas de mésothéliome pleural. BEH Numéro thématique. Surveillance épidémiologique des effets de l'exposition à l'amiante : actualités françaises.
Etude de pollution environnementale en Nouvelle-Calédonie
En 2000, l’Inserm met en évidence les risques de mésothéliomes et de cancers bronchiques associés à l’exposition à la trémolite via
l’habitat en Nouvelle-Calédonie. Le pö, un enduit recouvrant les murs
intérieurs et extérieurs des maisons dans certains villages, est
fabriqué à partir d'une roche constituée essentiellement d’une variété
d'amiante, la trémolite.
Suite à cette étude
l’Institut de veille sanitaire (InVS) et le Centre scientifique et
technique du bâtiment (CSTB) ont été saisis par le gouvernement de
Nouvelle-Calédonie pour :
- apporter leur expertise sur les mesures à mettre en œuvre pour réduire les risques sanitaires liés à l’exposition à une variété d’amiante, la trémolite, dans les tribus mélanésiennes ;
- préciser les modalités de suivi sanitaire des populations ayant été, ou étant encore, exposées à ce facteur de risque.
- En savoir plus : Quenel P, Cochet A. Trémolite (pö) et cancers respiratoires en Nouvelle-Calédonie. Recommandations concernant les mesures de réduction du risque et le suivi sanitaire de la population. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire. 2001. 35 p.
Impact sanitaire
Les indicateurs d’impact sur la santé en
relation avec l’amiante concernent essentiellement le mésothéliome de la
plèvre (et autres cancers primitifs de la plèvre). En effet, on ne
dispose encore que de très peu d’indicateurs suffisamment fiables sur la
fréquence des autres problèmes de santé induits par les expositions à
l’amiante.
Cependant, du fait du caractère
monofactoriel de son étiologie, le mésothéliome de la plèvre est un
excellent marqueur de l’exposition passée à l’amiante à l’échelle
populationnelle, et ce marqueur est étroitement associé aux autres
pathologies dues à l’amiante.
Le mésothéliome pleural
Evolution de la mortalité par mésothéliome de la plèvre en France
En 2012, l’Institut de veille sanitaire (InVS) en partenariat avec le
Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de
l’Inserm a publié les résultats de modélisation de l’évolution de la
mortalité par mésothéliome pleural en France.
Cette étude avait pour objectif d’actualiser les résultats publiés il y a une douzaine d’années qui prévoyaient alors que le pic de la mortalité masculine par mésothéliome aurait lieu vers 2020-2030 avec un nombre de décès annuel compris entre 1 000 et 1 500.
Cette étude avait pour objectif d’actualiser les résultats publiés il y a une douzaine d’années qui prévoyaient alors que le pic de la mortalité masculine par mésothéliome aurait lieu vers 2020-2030 avec un nombre de décès annuel compris entre 1 000 et 1 500.
Pour ce faire,
les données les plus récentes ont été utilisées : mortalité observée
jusqu’en 2009, recensements et projections démographiques. L’exposition
professionnelle et environnementale à l’amiante de la population vivant
en France a été modélisée à partir des volumes d’importation de ce
minéral. Les projections de mortalité jusqu’en 2050, pour les deux
sexes, ont été obtenus par modélisation de la mortalité sur la base de
ces paramètres.
D’après cette étude, le pic de mortalité par mésothéliome pourrait avoir
été atteint en France au début des années 2000, avec 600 à 800 décès
annuels chez les hommes et 100 à 200 chez les femmes.
La mortalité serait ainsi en train de diminuer et son taux pourrait se stabiliser vers 2030, où elle était à la fin des années 1970.
Bien que la mortalité par mésothéliome ait commencé à décroître plus tôt que les précédentes publications ne le prévoyaient, il faut cependant s’attendre à 18 à 25 milliers de décès par mésothéliome d’ici 2050 en France. Pour considérer la mortalité par cancer attribuable à l’amiante dans son ensemble, il convient d’ajouter à ces estimations un nombre plus grand encore de décès par cancer broncho-pulmonaire, provoqués aussi par l’exposition passée à l’amiante.
La mortalité serait ainsi en train de diminuer et son taux pourrait se stabiliser vers 2030, où elle était à la fin des années 1970.
Bien que la mortalité par mésothéliome ait commencé à décroître plus tôt que les précédentes publications ne le prévoyaient, il faut cependant s’attendre à 18 à 25 milliers de décès par mésothéliome d’ici 2050 en France. Pour considérer la mortalité par cancer attribuable à l’amiante dans son ensemble, il convient d’ajouter à ces estimations un nombre plus grand encore de décès par cancer broncho-pulmonaire, provoqués aussi par l’exposition passée à l’amiante.
- En savoir plus : Goldberg S, Rey G. Modélisation de l’évolution de la mortalité par mésothéliome de la plèvre en France. Projections à l’horizon 2050. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2012. 27 p.
Cancer du poumon
Pour
le cancer du poumon, on ne dispose pas, comme pour le mésothéliome,
d’études permettant d’estimer directement le nombre de cas attribuables à
des expositions professionnelles à l’amiante en France. On utilise donc
des évaluations de fractions de risque de cancers attribuables aux
expositions professionnelles à l’amiante. Le nombre annuel de cas de
cancers pulmonaires dus à de telles expositions se situe entre 1 508 et 2
409.
- En savoir plus : Chevalier A, Ducamp S, Gilg Soit Ilg A, Goldberg M, Goldberg S, Houot M et al. Des indicateurs en santé travail. Risques professionnels dus à l'amiante. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire; 2010. 23 p.
Pathologies respiratoires
Concernant
les pathologies respiratoires dues à l’amiante, les données recueillies
sur un échantillon d’artisans inclus dans le programme ESPrI
(Épidémiologie et surveillance des professions indépendantes) permettent
d’estimer la fréquence des anomalies pleurales et pulmonaires chez des
sujets exposés professionnellement aux poussières d’amiante.
Parmi
les artisans retraitées ayant été exposés à l’amiante et bénéficiant
d’un suivi post-professionnel, plus de 16% présentent une anomalie
radiologique thoracique, essentiellement des pathologies pleurales
bénignes. Ces données concernant les artisans sont comparables à ce qui
est observé dans une population de salariés retraités ayant été exposés.
- En savoir plus :
Goulard H, Homère J. Programme
de surveillance post-professionnelle des artisans ayant été exposés à
l’amiante (ESPrI). Retraités entre 2004 et 2008, artisans du Régime
social des indépendants (RSI). Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2012. 93 p.
Liens
Le registre Mesonat : http://www.registrescancers-bn.org/meso/activitemeso.php
Le programme Spiralei : http://www.spirale.rppc.fr/amiante.html
Centre d’épidémiologie des causes de décès (CépiDC-Inserm) (http://www.cepidc.vesinet.inserm.fr/)
Suivi des victimes de l’amiante - Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva) : (http://www.fiva.fr/)
Le programme Spiralei : http://www.spirale.rppc.fr/amiante.html
Centre d’épidémiologie des causes de décès (CépiDC-Inserm) (http://www.cepidc.vesinet.inserm.fr/)
Suivi des victimes de l’amiante - Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva) : (http://www.fiva.fr/)
Prise en charge du mésothéliome - Caisse nationale d’assurance maladie (branche "risques professionnels") (http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/)
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