La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, a affirmé mercredi
soir à Papeete que la France avait «une dette morale» envers la
Polynésie française où ont été pratiqués de nombreux essais nucléaires,
alors que des milliers de demandes d'indemnisation ont été déposées.
Mme
Pau-Langevin achevait trois jours de visites dans cette collectivité,
qui l’ont menée à Tahiti, mais aussi à Rurutu et Tubuai aux Australes,
Manihi aux Tuamotu et Maupiti aux Îles-Sous-Le-Vent.
«Il y a une
dette morale puisque la Polynésie a contribué à la grandeur de la
France», a-t-elle déclaré à Papeete, dans les journaux télévisés
polynésiens, puis lors d’un discours au haut-commissariat.
Plusieurs
milliers d’anciens travailleurs sur les sites nucléaires du Pacifique
ont déposé des demandes d’indemnisation, pour des cancers qu'ils
estiment liés au Centre d’expérimentations du Pacifique. Seule une
poignée d’entre eux ont été effectivement indemnisés. Ils regrettent la
complexité des dossiers à déposer et le faible nombre de maladies
radio-induites prévues dans la loi Morin.
«Il faut qu’on revoie la
loi Morin, ou la façon dont elle est appliquée», a concédé la ministre,
avant d’ajouter: «nous avons à rouvrir le dossier du nombre de maladies
radio-induites».
L’Etat est aussi régulièrement sollicité pour
des évolutions statutaires, certains partis politiques demandant
l’indépendance, d’autres une autonomie élargie.
Pour Mme
Pau-Langevin, «ce qui est ressorti des élections de 2013 (large victoire
du parti autonomiste de Gaston Flosse, NDLR) n’allait pas dans le sens
d’une volonté d’indépendance».
«Si on veut aller plus loin, il faut consulter la population», a-t-elle ajouté.
La
ministre a souligné que la Polynésie française était l’une des
collectivités les plus aidées de la République, même par rapport au
reste de l’outre-mer. Elle a néanmoins défendu ces «rattrapages» pour
permettre «une réelle égalité» entre les citoyens.
La
défiscalisation outre-mer, par exemple, permet de soutenir le
développement hôtelier ou les énergies renouvelables. Un temps remise en
cause, «elle est sauvée jusqu’en 2017», a-t-elle assuré.
Après le
contrat de projets signé avec la Polynésie française lundi, l’autre
grande attente locale était le retour de l’Etat au financement du RSPF.
Depuis 2007, l’Etat ne finançait plus ce régime de solidarité, qui
permet aux plus démunis de bénéficier d’une couverture sociale.
George
Pau-Langevin a assuré que l’Etat y contribuerait à nouveau, à hauteur
de 11,7 millions d’euros par an, à condition que la Polynésie française
fasse aussi «des efforts». C’est-à-dire qu’elle rééquilibre les comptes
d’une sécurité sociale en déficit chronique.
Avant de s’envoler
pour Paris, la ministre des outre-mer a souhaité que l’Etat rétrocède
ses terrains militaires, qui constituent une emprise foncière importante
dans certaines communes tahitiennes, «à condition qu’il y ait des
projets d’intérêt général».
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