vendredi 13 mars 2015

Nucléaire: «une dette morale» de la France envers la Polynésie

La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, a affirmé mercredi soir à Papeete que la France avait «une dette morale» envers la Polynésie française où ont été pratiqués de nombreux essais nucléaires, alors que des milliers de demandes d'indemnisation ont été déposées.
Mme Pau-Langevin achevait trois jours de visites dans cette collectivité, qui l’ont menée à Tahiti, mais aussi à Rurutu et Tubuai aux Australes, Manihi aux Tuamotu et Maupiti aux Îles-Sous-Le-Vent.
«Il y a une dette morale puisque la Polynésie a contribué à la grandeur de la France», a-t-elle déclaré à Papeete, dans les journaux télévisés polynésiens, puis lors d’un discours au haut-commissariat.
Plusieurs milliers d’anciens travailleurs sur les sites nucléaires du Pacifique ont déposé des demandes d’indemnisation, pour des cancers qu'ils estiment liés au Centre d’expérimentations du Pacifique. Seule une poignée d’entre eux ont été effectivement indemnisés. Ils regrettent la complexité des dossiers à déposer et le faible nombre de maladies radio-induites prévues dans la loi Morin.
«Il faut qu’on revoie la loi Morin, ou la façon dont elle est appliquée», a concédé la ministre, avant d’ajouter: «nous avons à rouvrir le dossier du nombre de maladies radio-induites».
L’Etat est aussi régulièrement sollicité pour des évolutions statutaires, certains partis politiques demandant l’indépendance, d’autres une autonomie élargie.
Pour Mme Pau-Langevin, «ce qui est ressorti des élections de 2013 (large victoire du parti autonomiste de Gaston Flosse, NDLR) n’allait pas dans le sens d’une volonté d’indépendance».
«Si on veut aller plus loin, il faut consulter la population», a-t-elle ajouté.
La ministre a souligné que la Polynésie française était l’une des collectivités les plus aidées de la République, même par rapport au reste de l’outre-mer. Elle a néanmoins défendu ces «rattrapages» pour permettre «une réelle égalité» entre les citoyens.
La défiscalisation outre-mer, par exemple, permet de soutenir le développement hôtelier ou les énergies renouvelables. Un temps remise en cause, «elle est sauvée jusqu’en 2017», a-t-elle assuré.
Après le contrat de projets signé avec la Polynésie française lundi, l’autre grande attente locale était le retour de l’Etat au financement du RSPF. Depuis 2007, l’Etat ne finançait plus ce régime de solidarité, qui permet aux plus démunis de bénéficier d’une couverture sociale.
George Pau-Langevin a assuré que l’Etat y contribuerait à nouveau, à hauteur de 11,7 millions d’euros par an, à condition que la Polynésie française fasse aussi «des efforts». C’est-à-dire qu’elle rééquilibre les comptes d’une sécurité sociale en déficit chronique.
Avant de s’envoler pour Paris, la ministre des outre-mer a souhaité que l’Etat rétrocède ses terrains militaires, qui constituent une emprise foncière importante dans certaines communes tahitiennes, «à condition qu’il y ait des projets d’intérêt général».

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