Les polychlorobiphényles ou PCB sont des
composés chimiques potentiellement dangereux pour l’homme sur le long
terme. Ils sont interdits en France depuis 1987. Ces dérivés chlorés
sont persistants dans l’environnement et peuvent s’accumuler dans la
chaîne alimentaire, en particulier dans certains poissons de plusieurs
cours d’eau français. Les consommateurs de poissons de rivière ont-ils
été plus exposés aux PCB que la population générale ? Pour répondre à
cette question, le ministère chargé de la Santé finance une étude
nationale dite "d’imprégnation" coordonnée par l’Agence française de
sécurité sanitaire des aliments, en collaboration avec l’Institut de
veille sanitaire. Cette étude, qui débute en mars 2009, permettra de
définir, selon les espèces de poissons et par population cible, des
fréquences de consommation ainsi sans danger pour l’homme.
Que sont les PCB ?
Par
le terme "PCB", on désigne les polychlorobiphényles qui sont des
composés chimiques synthétiques également connus, en France, sous le nom
de pyralènes. Il existe 209 molécules différentes de PCB appelées
congénères.
On distingue deux grandes classes de PCB selon leur mécanisme d’action :- les 12 PCB "dioxin-like" ou PCB-DL, fortement chlorés, de structure plane, qui ont le même mécanisme de toxicité que les dioxines et furanes (se lient au même récepteur cellulaire) et qui sont donc généralement dosés en même temps que les 17 dioxines et furanes les plus toxiques ;
- les autres PCB, dits PCB "non dioxin-like" ou PCB-NDL, qui agissent via un mécanisme d'action différent de celui des dioxines.
Par ailleurs, 7 congénères, dits PCB
"indicateurs" ou PCBi, très fortement chlorés, sont particulièrement
persistants et présents dans l’environnement. Ils représentent environ
50 % de l’ensemble des congénères de PCB présents dans les aliments
d’origine animale et dans les tissus humains.
Où trouve-ton les PCB ?
Les
PCB n’existent pas à l’état naturel. Ils ont été fabriqués par l’homme
pour la première fois en 1929. Ils ont été largement utilisés pendant
des décennies sous forme de mélange dans l’industrie pour leurs qualités
d’isolation électrique, de lubrification et d’ininflammabilité. On les
retrouvait comme isolants dans les transformateurs électriques et les
condensateurs, comme lubrifiants dans les turbines et les pompes ou
comme composants d’huiles, de soudures, d’adhésifs, de peintures et de
papiers autocopiants.
Depuis vingt ans, ces substances ne sont plus ni produites ni utilisées dans la fabrication d’appareils en Europe.
Leur
présence dans l’environnement est principalement due à des
contaminations "accidentelles" (déversements de quantités importantes
par suite de fuites, d’explosions, d’incendies ou de rejets fortuits) et
à des procédures inadéquates d’élimination qui ont eu cours dans le
passé (décharges non contrôlées ou inappropriées, épandage des boues
d’épuration).
Partout dans le monde, on
retrouve d’infimes quantités de PCB dans l’environnement dont la plus
grande majorité se retrouvent dans le sol et les sédiments fluviaux et
marins. D'une manière générale, la contamination des sédiments résulte
du lessivage par les eaux de pluie des sols pollués.
Que fait-on pour limiter les rejets de PCB dans l’environnement ?
En France, les pouvoirs publics ont imposé des mesures progressives :
- 1979 : interdiction dans les encres, adhésifs, additifs et dans certaines huiles ;
- 1987 : interdiction de vendre, d’acquérir ou de mettre sur le marché des appareils contenant des PCB ;
- 2003 : le plan national de décontamination et d’élimination des appareils contenant des PCB prévoit un calendrier de décontamination des appareils recensés au plus tard pour le 31 décembre 2010.
En France, il peut encore exister des rejets de
PCB dans l’environnement par les industries (élimination des appareils
contenant des PCB) mais il s’agit de quantités très limitées et sous le
strict contrôle du ministère chargé de l’Écologie.
Au
niveau international, les niveaux de PCB en général diminuent depuis
les années 1980, en raison des mesures de réduction des utilisations, du
contrôle et de l’atténuation naturelle qui ont été entreprises dans de
nombreux pays.
Que deviennent les PCB dans l’environnement ?
En
règle générale, une fois présents dans l’environnement, les PCB
s’accumulent. En effet, du fait de leur grande stabilité chimique et
physique, les PCB sont extrêmement persistants. Ils ont une durée de vie
importante (plusieurs années). Ils ne se décomposent pas facilement et
sont difficiles à détruire.
Dans l’eau, les
PCB s'évaporent peu et ne se dissolvent pas facilement. Les PCB sont, de
manière générale, fortement adsorbés sur les sédiments et sur les
particules en suspension dans l’eau. À titre d’information, il a été
estimé que plus de 88 % des PCB dans les écosystèmes aquatiques se
retrouvent aux niveaux des sédiments.
Les
PCB sont en revanche très solubles dans les graisses, ce qui explique
pourquoi ils s'accumulent dans les graisses animales et tout au long de
la chaîne alimentaire. Les animaux au sommet de la chaine alimentaire, y
compris les humains, présentent ainsi les concentrations les plus
élevées de PCB.
Comment puis-je être exposé aux PCB ? Quelle est la contribution des poissons à mon exposition ?
L’alimentation
constitue la principale source d’exposition de la population générale
aux PCB (plus de 90 % de l’exposition totale). Toute la population
française est exposée aux PCB par l’alimentation générale. Les aliments
les plus riches en PCB sont ceux d’origine animale, tels les poissons,
le lait, les produits laitiers, les œufs et la viande. Chez l’adulte,
environ 50 % de l’exposition alimentaire aux PCB est apportée par les
poissons (d’eau douce et d'eau de mer) et fruits de mer, 20 % par les
viandes, 20 % par le lait et les produits laitiers. Les personnes qui
consomment de grandes quantités de ces aliments peuvent être exposées à
des niveaux de PCB plus élevés que le reste de la population.
Les
nourrissons peuvent aussi être exposés aux PCB contenus dans le lait
maternel. Il est admis que l’allaitement contribue à environ 5 % de la
charge corporelle observée à l‘âge adulte.
En population générale, l’air et l’eau d’alimentation constituent des voies très marginales d’exposition aux PCB.
En
revanche, les personnes qui sont en contact des PCB lors de pratiques
professionnelles (installations d’élimination des PCB, entretien de
vieux dispositifs électriques, transports ou manipulation…) peuvent être
exposées à des concentrations plus élevées que le reste de la
population par inhalation ou contact cutané.
Comment mesure-t-on l’exposition humaine aux PCB ?
L’exposition de l’homme aux PCB étant très majoritairement d’origine alimentaire, l’exposition peut être estimée :
- soit à partir de déclarations de consommation alimentaire et de données de contamination des aliments ;
- soit à partir des niveaux d’imprégnation, c'est-à-dire les teneurs sanguines en PCB, ce qui permet de mieux connaître l’exposition humaine puisqu’elle dépend des consommations alimentaires et des contaminations des aliments dans le passé ainsi que de l’ensemble des voies d’exposition
Que deviennent les PCB dans le corps humain ? Comment les PCB sont-ils éliminés de l’organisme et en combien de temps ?
Une
fois absorbés, les PCB traversent les membranes cellulaires et passent
dans les vaisseaux sanguins et le système lymphatique. C’est
généralement dans le foie et le tissu adipeux que l’on retrouve les plus
fortes concentrations de PCB. Leur élimination se fait par les selles,
les urines, mais aussi par le lait maternel chez les femmes allaitantes.
En
moyenne, la demi-vie (temps nécessaire pour éliminer 50 % de la
quantité absorbée) est de 7 ans pour les PCB totaux. En fonction des
congénères (selon le nombre de chlore qu’ils contiennent et de leur
position), elle peut varier de 6 mois à plus de 23 ans.
Du
fait de cette cinétique très lente, les taux mesurés dans les matrices
biologiques reflètent la charge corporelle et sont considérés comme le
résultat de l’accumulation des doses absorbées depuis la naissance.
Sommaire du dossier | |
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Liens |
Etude
Étude nationale Afssa-InVS d’imprégnation aux polychlorobiphényles (PCB) des consommateurs réguliers de poissons d’eau douce
Principaux objectifs de l'étude
- Mesurer et comparer l'imprégnation, c'est-à-dire les teneurs sanguines en PCB chez des consommateurs et des non-consommateurs de poissons de rivière dans des zones de pêche contaminées et des zones de pêche non contaminées par les PCB. Les dioxines, proches des PCB par leur structure chimique et leurs effets sur la santé, sont également mesurées dans le cadre de cette étude.
- Identifier la contribution des poissons d'eau douce à l'imprégnation (par rapport aux autres aliments susceptibles de contenir aussi des PCB) et définir, selon les espèces de poissons et par population cible, des fréquences de consommation sans danger pour l'homme, comme au Canada et aux États-Unis.
Zones d'étude
L'étude concerne au total 900 km de cours d'eau de niveaux de contamination en PCB variables et représentatifs de la situation générale des cours d'eau en France.Elle se déroule sur six zones de pêche différentes :
- quatre zones contaminées par les PCB : sur des secteurs de la Seine, la Somme, le Rhône, le Rhin et leurs affluents ;
- deux zones non contaminées par les PCB : sur des secteurs de la Loire, la Garonne et leurs affluents.
Déroulement de l'étude
L'étude est réalisée auprès de 900 foyers de pêcheurs amateurs,
détenteurs d'une carte de pêche et adhérents à une association agréée
de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA) située dans
l'une des zones de pêche de l'étude. Environ 120 AAPPMA et 20
fédérations départementales de pêche sont impliquées sous la
coordination de la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF).
Chaque foyer de pêcheur amateur résidant dans l'une des zones de pêche de l'étude peut être sollicité pour y participer, après tirage au sort aléatoire pour
garantir la qualité scientifique du protocole de l'étude. Le pêcheur ou
l'un des membres adultes de son foyer sera retenu pour participer à
l'étude.
Les personnes contactées ne sont
pas obligées d'accepter. Toutefois, cette participation est extrêmement
précieuse car elle contribue à l'effort de recherche en santé publique.
Les participants sont invités à :
- décrire, lors d'un premier contact téléphonique avec le pêcheur, leurs habitudes de pêche et de consommation de poissons pêchés, ainsi que celles des membres de leur foyer ;
- décrire plus en détails leurs habitudes alimentaires et leur environnement de vie lors d’un entretien à domicile ;
- se prêter à un examen de santé (qui pourra être effectué, soit dans le laboratoire d’analyses médicales le plus proche, soit directement à domicile). Cet examen comprend une appréciation de l’état général de santé ainsi qu’une prise de sang pour mesurer les teneurs en PCB et dioxines.
L’Institut de sondages Lavialle (ISL) est chargé de la réalisation de cette partie de l’étude.
L’Office
national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) complète cette
étude par la mesure des teneurs en PCB et dioxines dans des poissons
prélevés sur les six zones de pêche de l’étude.
Calendrier prévisionnel
Cette étude a débuté en mars 2009.
L’exploitation des données par l’Afssa et l’InVS démarrera en 2010 et
se poursuivra jusqu’en 2011. Il s’agira d’étudier la relation entre la
consommation et le niveau de contamination de poissons d’eau douce d’une
part, et les teneurs sanguines en PCB et dioxines des participants de
l’étude d’autre part. Les résultats individuels seront communiqués aux participants en 2011.
Partenaires
La
Fédération nationale de pêche en France (FNPF) et ses représentants
locaux (fédérations départementales, Associations agréées de pêche et de
protection des milieux aquatiques – AAPPMA) : la FNPF a permis de
constituer la base de sondage permettant de recruter les participants en
fournissant les informations sur les pêcheurs amateurs disposant d’une
carte de pêche (nom, âge, adresse).
L'Institut de sondages Lavialle (ISL)
: l'ISL est investigateur de l’étude qui réalisera la sélection des
participants, l’enquête sur leurs habitudes de consommation et
collectera les prélèvements sanguins. Il a été recruté par l’Afssa sur
appel d’offres conformément au Code des marchés publics.
Le Laboratoire d’études des résidus et des contaminants dans les aliments (Laberca)
: le Laberca réalisera l’analyse des PCB et dioxines dans le sang ainsi
que dans les poissons. Il est le laboratoire national de référence
désigné par le ministère chargé de l’Agriculture pour l’analyse des PCB
dans les denrées alimentaires. Le Laberca a été recruté par l’Afssa.
L’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema)
: l'Onema réalisera le prélèvement et la préparation des échantillons
de poissons. Établissement public d’expertise sur la connaissance des
milieux aquatiques, il est sous la tutelle du ministère chargé de
l’Écologie.
Textes réglementaires
Appui scientifique et technique de l’Agence
française de sécurité sanitaire des aliments relatif au plan
d'échantillonnage national des PCB dans les poissons de rivière :
proposition de méthodologie. 5 février 2008. Disponible sur : http://www.anses.fr/Documents/PASER2008sa0019.pdf
Avis
de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments relatif à
l'établissement de teneurs maximales pertinentes en polychlorobiphényles
qui ne sont pas de type dioxine (PCB « non dioxin-like », PCB-NDL) dans
divers aliments. 23 octobre 2007. Disponible sur : http://www.anses.fr/Documents/RCCP2006sa0305b.pdf
Avis
de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments relatif à une
évaluation de l'exposition de la population française aux dioxines,
furanes et PCB de type dioxine. 9 janvier 2006. Disponible sur : http://www.anses.fr/Documents/RCCP2005sa0372.pdf
Rapport
dioxines. Dioxines, furanes et PCB de type dioxine : évaluation de
l'exposition de la population française. Agence française de sécurité
sanitaire des aliments. Novembre 2005. 57p. Disponible sur : http://www.anses.fr/Documents/RCCP-Ra-DixionesPCB.pdf
Liens
Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail : http://www.anses.fr
Ministère chargé de la Santé et des Sports : http://www.sante-sports.gouv.fr/
Ministère chargé de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer : http://www.developpement-durable.gouv.fr/
Ministère chargé de l'Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche : http://agriculture.gouv.fr/
Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) : http://www.onema.fr/
Fédération nationale de la pêche en France (FNPF) : http://www.federationpeche.fr/
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