Les définitions de l’environnement varient.
Elles peuvent aller jusqu’à recouvrir tout ce qui n’est pas génétique,
incluant ainsi les facteurs sociaux et les comportements. Le domaine
santé environnement, qui concerne les relations entre toutes les
dimensions de la santé et tous ces facteurs, est donc vaste.
Outre
cette spécificité liée à l’ampleur du domaine couvert, le champ santé
environnement se distingue par quelques particularités qui en
compliquent l’étude :
- les pathologies auxquelles contribuent les expositions environnementales sont fréquemment multifactorielles,
- les expositions peuvent être multi-produits, multivoies et multirisques ;
- les expositions sont souvent faibles mais chroniques, et concernent souvent une large part, voire la totalité, de la population ;
- les latences entre les expositions et les effets sanitaires sont grandes ;
- les risques relatifs étudiés sont faibles et
difficiles à mettre en évidence mais la part attribuable à
l’environnement de nombreuses pathologies peut être forte du fait de la
prévalence élevée de l’exposition. La biosurveillance humaine permet de surveiller la présence, dans l’organisme, des substances chimiques de notre environnement ou de leurs produits de dégradation. La biosurveillance peut aussi consister à surveiller certains effets précoces des substances chimiques sur l’organisme. Les dosages peuvent être faits dans le sang, l’urine les cheveux, le lait maternel… Les substances ainsi dosées sont appelées "biomarqueurs". La biosurveillance intègre les parts respectives de tous les modes d’exposition, de toutes les sources, quelles que soient les voies d’entrée des substances dans le corps humain, quels que soient le lieu d’exposition, l’activité ou la nature des produits consommés. Elle fournit des informations aux acteurs de santé publique, médecins et scientifiques pour les aider à identifier l’existence d’une exposition à certains polluants de l’environnement, faciliter l’identification des sources d’exposition et prévenir les maladies ou symptômes pouvant provenir d’une telle exposition.Après un bref rappel sur la biosurveillance, la définition des biomarqueurs, les étapes de la mise en œuvre d'une étude et l'interprétation des données de biosurveillance, sont présentés le contexte, les enjeux de la biosurveillance et le rôle de l'InVS.
Un index de A à Z permet de trouver facilement les études de biosurveillance réalisées par l'InVS, des questions-réponses concernant diverses substances chimiques et des compléments d'informations.
Les exemples d’application de la biosurveillance en santé environnementale sont nombreux. La biosurveillance permet de répondre à une question spécifique concernant une exposition à un polluant particulier ou une situation particulière (pollution par le mercure, le plomb, les dioxines rejetées par les incinérateurs, les PCB…). Elle sert également à fournir des valeurs de référence de l’exposition des Français à divers polluants, d’étudier les déterminants et de suivre les variations géographiques et temporelles de ces expositions.Ce dossier présente les activités de biosurveillance menées ou coordonnées par l'Institut de veille sanitaire (InVS) en quatre grands volets :- des études réalisées au niveau local ou régional (par exemple sur l'exposition au mercure en Guyane),
- des études nationales ciblées sur une substance chimique (par exemple : plomb, dioxines, PCB) ou sur une population particulière (ex.: exposition au plomb des enfants),
- des études nationales portant sur plusieurs polluants (ENNS sur les métaux, pesticides et PCB), enquête nationale biosurveillance santé nutrition de 6 à 74 ans et Elfe chez les femmes parturientes et les enfants depuis la naissance) et,
- la biosurveillance au niveau européen et international (avec ses enjeux, les expériences de biosurveillance à l'étranger et le travail d'harmonisation européenne via les projets COPHES et DEMOCOPHES).
De par leur caractère brutal et inattendu, les catastrophes naturelles et industrielles, et leurs conséquences sont susceptibles d’entraîner d’importants impacts sur la santé humaine. Qu’elles soient d’origine naturelle ou anthropique, les catastrophes récentes ont montré l’importance d’une gestion adaptée de l’impact sanitaire.
Cet impact doit être estimé et surveillé afin d’apporter aux différents acteurs de la gestion une information fiable et objective sur sa nature, son importance et son évolution dans le temps. La surveillance doit débuter de façon aussi proche que possible de l’événement et se poursuivre éventuellement sur le long terme. En fournissant une information sur les pathologies, les populations les plus vulnérables et les facteurs de risques, l’épidémiologie permet d’orienter la mise en place de mesures de gestion visant à réduire l’impact sanitaire d’un événement extrême. Mais la réponse épidémiologique aux catastrophes doit être préparée en amont de celles-ci.
Chaleur et santé
La canicule d'août 2003, qui a entraîné une surmortalité de près de 15 000 décès, a constitué un rappel brutal de la vulnérabilité de la société à des événements climatiques extrêmes.
Dès 2004, l'Institut de veille sanitaire a mis en place plusieurs études pour améliorer les connaissances sur les vagues de chaleur et orienter la prévention. Il a également mis en place, en collaboration avec Météo-France, un Système d’alerte canicule et santé (Sacs) intégré au Plan national canicule (PNC), dont l’objectif est de prévenir un impact important de la chaleur sur la santé.
Depuis 2003, seul l’été 2006 a connu une vague de chaleur intense et durable. Celle-ci a cependant entraîné moins de morts que prévu d’après les modèles, et il est permis de penser que les mesures prises depuis la canicule d’août 2003, ainsi que la prise de conscience de la population concernant les risques liés à la chaleur, ont contribué à réduire l’impact prévu.
Les efforts de surveillance et de prévention doivent se poursuivre, et de nouvelles pistes doivent être explorées afin de faire face à l’augmentation de la fréquence avec le changement climatique.Froid et santé
Le froid agit sur la santé à plusieurs niveaux : directement, occasionnant par exemple des hypothermies, ou indirectement comme dans le cas des intoxications au monoxyde de carbone. Contrairement à la chaleur qui agit rapidement sur l’organisme, le froid peut avoir des effets rapides (hypothermies, asthme au froid, etc.) ou plus ou moins retardés (accidents vasculaires cérébraux, infections respiratoires, etc.). Par ailleurs en hiver, les épidémies de grippe et autres phénomènes infectieux, ainsi que les facteurs de risque de nature comportementale, peuvent également faire augmenter la mortalité et interférer avec le froid. Il est donc difficile de déterminer la part du risque lié au froid dans les pathologies hivernales.
Par ailleurs, bien que les modèles climatiques montrent une tendance au réchauffement, la variabilité du climat devrait être plus grande au cours des prochaines décennies, ne permettant pas d'exclure la survenue de vagues de froid majeures.
L’Institut de veille sanitaire surveille en collaboration avec Météo-France l’impact sanitaire des vagues de froid quotidiennement à partir de son système de surveillance syndromique - SurSaUD®. En cas de prévision météorologiques défavorables ou d’impact sanitaire observé, les autorités sanitaires sont prévenues en vue d’une communication adaptée sur les comportements à adopter. Les mesures de prévention de long terme comme la lutte contre la précarité énergétique sont cependant reconnues par de nombreux pays comme les plus efficaces.
Impacts sanitaires du changement climatique
L’adaptation au changement climatique, c'est-à-dire les mesures prises pour faire face aux changements attendus et limiter les dommages potentiels, est désormais considérée comme une priorité de santé publique. Les impacts potentiels sur la santé du changement climatique sont larges : émergence ou réémergence de maladies infectieuses, augmentation en fréquence et en intensité des évènements extrêmes ; modifications profondes de l’environnement ; qualité de l’eau, de l’air….L’Institut de veille sanitaire s’attache à identifier les principaux risques pour la France, et à proposer des pistes d’adaptation pour la surveillance et la recherche. Si la plupart des risques font actuellement l’objet d’une surveillance environnementale et sanitaire et ne nécessitent pas le développement de nouveaux systèmes, le changement climatique pose en effet de nouvelles questions en termes de surveillance.
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