Le
rapport européen sur les effets sanitaires potentiels de l'exposition
aux champs électromagnétiques, rendu public le 6 mars dernier, a été
élaboré par le Comité scientifique de la Commission européenne sur les
risques sanitaires émergents et nouveaux (Scenihr). Il a pour objectif
d'évaluer les résultats scientifiques récents (2009-2013) sur les
risques sanitaires liés aux champs électromagnétiques (basses
fréquences, extrêmement basses fréquences). Le spectre électromagnétique
va de fréquences extrêmement basses (comme l'électricité) à des
fréquences plus élevées telles que les micro-ondes, les fréquences
optiques et les fréquences encore plus élevées des rayons X.
L'omniprésence des téléphones portables, du wifi et d'appareils de consommation courante tels que les plaques à induction pose des questions de santé publique.
Des ondes bénignes, selon les experts
Selon le dernier rapport du Scenihr, les recherches scientifiques actuelles confirment qu'aucun effet néfaste sur la santé n'est établi si l'exposition reste inférieure aux niveaux fixés par les normes en vigueur. Certaines études ont indiqué un lien entre les champs électromagnétiques produits par les téléphones portables et un risque accru de cancer du nerf vestibulo-cochléaire (ou auditif) ou de tumeurs du cerveau. "Cependant, d'autres études n'ont pas confirmé ce lien et l'une d'entre elles, en particulier, suggère d'interpréter ce lien avec prudence : l'incidence des tumeurs correspondantes n'a pas augmenté depuis l'apparition des téléphones portables", estime le rapport du Scenihr.
De précédentes études ont également indiqué un lien entre les champs électromagnétiques et un risque accru de maladie d'Alzheimer. "De nouvelles études sur ce sujet n'ont pas confirmé ce lien", selon le Comité. Des études épidémiologiques établissent un lien entre l'exposition à des champs de Fréquence Extrêmement Basse (ELF), en vivant longtemps à proximité de lignes électriques, par exemple, et un taux élevé de leucémie infantile, qui correspond à un cancer rare du sang. "Ce lien n'a été ni expliqué, ni soutenu par des études sur des animaux et des cellules. Jusqu'à présent, les résultats des recherches n'ont pas permis de trouver un mécanisme pouvant expliquer ce lien. De nouvelles études sont nécessaires pour confirmer ou exclure un possible lien de causalité", selon le Scenihr.
Déni de risque
Suite à ce rapport, les associations membres de l'EMF Alliance ont annoncé le 11 mars qu'elles déposaient une plainte auprès de la médiatrice européenne, estimant les résultats de ce rapport biaisés. Ce réseau interassociatif, qui rassemble une plate-forme d'une cinquantaine d'organisations internationales, estime que le groupe d'experts qui a élaboré ce rapport exprime "des positions partisanes en faveur de l'absence de risque" et "étouffe d'éventuelles voix discordantes".
L'Alliance d'ONG se fonde sur une série d'analyses indépendantes, qu'elle estime trop vite écartées par les experts de la Commission : l'étude internationale Interphone sur le risque de tumeur au cerveau en relation avec l'usage du téléphone mobile, menée dans 13 pays en 2010, qui a montré de façon systématique un risque augmenté pour le groupe le plus exposé ; l'étude Cefalo, menée dans quatre pays en 2011 (Suisse, Danemark, Norvège, Suède) ; l'étude Hardell, conduite sur des cas-témoins en Suède en 2013, ainsi que des études menées en France, au Japon et en Corée. L'EMF Alliance estime que les deux études de cohortes, conduites au Danemark et au Royaume-Uni, qui servent de référence au Scenihr, ont exclu les plus gros utilisateurs sans permettre de les différencier des autres usagers.
En mai 2014, la médiatrice européenne a lancé une initiative visant à améliorer la transparence des comités d'experts consultés par la Commission européenne. En janvier 2015, elle a adressé au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, un courrier dans lequel elle estime que "l'équilibre de représentation des divers groupes d'intérêt au sein des comités d'experts de la Commission européenne devrait être obligatoire" et qu'il revient à la Commission de définir ces critères d'équilibre. Dans le même courrier, la médiatrice enjoint M. Juncker à prendre des mesures pour prévenir les conflits d'intérêts.
Des experts électrosceptiques
Aujourd'hui, l'EMF Alliance pointe le fait que les personnalités, "bien connues pour leurs positions partisanes en faveur de l'absence de risque", qui composent le Scenihr sont pour la plupart membres de l'ICNIRP. L'ICNIRP (International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection) produit les lignes directrices sur lesquelles se basent la plupart des normes d'exposition aux champs électromagnétiques actuelles. "Il prend uniquement en considération les effets thermiques (réchauffement des tissus) et exclut explicitement l'exposition aux appareils sans fil dépassant 6 minutes ainsi que les effets possibles à long terme comme le cancer et les maladies neurodégénératives. Son approche non précautionneuse et sa structure fermée donnent à l'ICNIRP les caractéristiques d'une tête de pont pour défendre les intérêts industriels et militaires".
Les ONG rappellent que plusieurs d'entre elles ont dénoncé auprès de la Direction générale de la santé et des consommateurs et auprès de la médiatrice européenne "les liens intellectuels mais aussi les conflits d'intérêt directs de plusieurs membres du groupe et, en premier lieu, de son président Theodoros Samaras qui fut consultant chez Vodafone". Sont également cités Matts-Olof Mattsson et Hans K. Mild, membres du comité scientifique de Telia Sonera, Zenon Sienkiewicz, consultante de Japan Electrical Safety & Environment Technology Laboratories, émanation de Japan Electric Association et Anssi Auvinen, membre de l'ICNIRP et régulièrement financé par le MMF, le Mobile Manufacturers' Forum.
Agnès Sinaï, journalisteDes ondes bénignes, selon les experts
Selon le dernier rapport du Scenihr, les recherches scientifiques actuelles confirment qu'aucun effet néfaste sur la santé n'est établi si l'exposition reste inférieure aux niveaux fixés par les normes en vigueur. Certaines études ont indiqué un lien entre les champs électromagnétiques produits par les téléphones portables et un risque accru de cancer du nerf vestibulo-cochléaire (ou auditif) ou de tumeurs du cerveau. "Cependant, d'autres études n'ont pas confirmé ce lien et l'une d'entre elles, en particulier, suggère d'interpréter ce lien avec prudence : l'incidence des tumeurs correspondantes n'a pas augmenté depuis l'apparition des téléphones portables", estime le rapport du Scenihr.
De précédentes études ont également indiqué un lien entre les champs électromagnétiques et un risque accru de maladie d'Alzheimer. "De nouvelles études sur ce sujet n'ont pas confirmé ce lien", selon le Comité. Des études épidémiologiques établissent un lien entre l'exposition à des champs de Fréquence Extrêmement Basse (ELF), en vivant longtemps à proximité de lignes électriques, par exemple, et un taux élevé de leucémie infantile, qui correspond à un cancer rare du sang. "Ce lien n'a été ni expliqué, ni soutenu par des études sur des animaux et des cellules. Jusqu'à présent, les résultats des recherches n'ont pas permis de trouver un mécanisme pouvant expliquer ce lien. De nouvelles études sont nécessaires pour confirmer ou exclure un possible lien de causalité", selon le Scenihr.
Déni de risque
Suite à ce rapport, les associations membres de l'EMF Alliance ont annoncé le 11 mars qu'elles déposaient une plainte auprès de la médiatrice européenne, estimant les résultats de ce rapport biaisés. Ce réseau interassociatif, qui rassemble une plate-forme d'une cinquantaine d'organisations internationales, estime que le groupe d'experts qui a élaboré ce rapport exprime "des positions partisanes en faveur de l'absence de risque" et "étouffe d'éventuelles voix discordantes".
L'Alliance d'ONG se fonde sur une série d'analyses indépendantes, qu'elle estime trop vite écartées par les experts de la Commission : l'étude internationale Interphone sur le risque de tumeur au cerveau en relation avec l'usage du téléphone mobile, menée dans 13 pays en 2010, qui a montré de façon systématique un risque augmenté pour le groupe le plus exposé ; l'étude Cefalo, menée dans quatre pays en 2011 (Suisse, Danemark, Norvège, Suède) ; l'étude Hardell, conduite sur des cas-témoins en Suède en 2013, ainsi que des études menées en France, au Japon et en Corée. L'EMF Alliance estime que les deux études de cohortes, conduites au Danemark et au Royaume-Uni, qui servent de référence au Scenihr, ont exclu les plus gros utilisateurs sans permettre de les différencier des autres usagers.
En mai 2014, la médiatrice européenne a lancé une initiative visant à améliorer la transparence des comités d'experts consultés par la Commission européenne. En janvier 2015, elle a adressé au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, un courrier dans lequel elle estime que "l'équilibre de représentation des divers groupes d'intérêt au sein des comités d'experts de la Commission européenne devrait être obligatoire" et qu'il revient à la Commission de définir ces critères d'équilibre. Dans le même courrier, la médiatrice enjoint M. Juncker à prendre des mesures pour prévenir les conflits d'intérêts.
Des experts électrosceptiques
Aujourd'hui, l'EMF Alliance pointe le fait que les personnalités, "bien connues pour leurs positions partisanes en faveur de l'absence de risque", qui composent le Scenihr sont pour la plupart membres de l'ICNIRP. L'ICNIRP (International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection) produit les lignes directrices sur lesquelles se basent la plupart des normes d'exposition aux champs électromagnétiques actuelles. "Il prend uniquement en considération les effets thermiques (réchauffement des tissus) et exclut explicitement l'exposition aux appareils sans fil dépassant 6 minutes ainsi que les effets possibles à long terme comme le cancer et les maladies neurodégénératives. Son approche non précautionneuse et sa structure fermée donnent à l'ICNIRP les caractéristiques d'une tête de pont pour défendre les intérêts industriels et militaires".
Les ONG rappellent que plusieurs d'entre elles ont dénoncé auprès de la Direction générale de la santé et des consommateurs et auprès de la médiatrice européenne "les liens intellectuels mais aussi les conflits d'intérêt directs de plusieurs membres du groupe et, en premier lieu, de son président Theodoros Samaras qui fut consultant chez Vodafone". Sont également cités Matts-Olof Mattsson et Hans K. Mild, membres du comité scientifique de Telia Sonera, Zenon Sienkiewicz, consultante de Japan Electrical Safety & Environment Technology Laboratories, émanation de Japan Electric Association et Anssi Auvinen, membre de l'ICNIRP et régulièrement financé par le MMF, le Mobile Manufacturers' Forum.
Rédactrice spécialisée
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