samedi 28 mars 2015

Directive Ecoconception : un levier pour une économie de ressources ?

Dans un rapport, le bureau européen de l'environnement démontre comment la directive Ecoconception pourrait constituer un outil pour réduire le besoin en ressources comme en énergie et stimuler le recyclage.


Au delà des économies d'énergie, la directive Ecoconception pourrait également fournir des outils pour optimiser les besoins en ressources : c'est le postulat défendu dans un rapport par le bureau européen de l'environnement. Ce dernier rappelle en effet que la quantité de ressources utilisée par un produit pendant sa durée de vie est déterminée lors de la conception. Cette phase conditionne également la durée de vie d'un produit, ses possibilités de réparation et si les matières le constituant peuvent être recyclées. "L'utilisation des ressources peut être couverte à travers une gamme d'instruments de différentes politiques comprenant l'écolabel, les marchés publics écologiques ainsi que les directives écoconception et sur l'étiquetage énergétique", développe le bureau européen de l'environnement (BEE).
Adoptée en 2005 et mise à jour en 2009, la directive Ecoconception a établi des normes minimales de performances énergétiques et environnementales pour une vingtaine de catégories d'appareil. Les derniers en date étaient les fours, hottes et plaques de cuisson.
Le BEE interpelle sur l'urgence de la situation : selon le Programme des Nations Unies (PNUE), en 2050, la consommation annuelle mondiale de minéraux, de combustibles fossiles et de biomasse atteindra 140 milliards tonnes. "Soit plus de deux fois le niveau de la consommation d'aujourd'hui de 60 milliards de tonnes", estime le BEE. L'Europe s'avère particulièrement dépendante des importations de combustibles fossiles et de métaux stratégiques pour alimenter son économie et sa production industrielle.
Un manque de mesures concrètes
Pour répondre à cette problématique connue de longue date, la Commission européenne a d'ores et déjà élaboré différents outils dont une feuille de route "pour une Europe efficace dans l'utilisation de ses ressources" en 2011. "Toutefois, à ce jour, l'UE n'a pas réussi à définir un objectif de conservation de ressources, à s'entendre sur un ensemble d'indicateurs qui mesurent la consommation ou se prononcer sur des mesures concrètes prenant au sérieux la question", dénonce le BEE.
Autre interrogation : la récente suppression de l'emblématique paquet Economie circulaire du programme de travail pour 2015 de la Commission européenne, arguant de la sortie d'ici la fin de l'année d'un nouveau texte "plus ambitieux ".
Une des conditions pour le BEE pour réduire l'impact néfaste de l'utilisation excessive des ressources sur l'environnement : dissocier le développement économique de la quantité de ressources consommée.
Si pour l'instant, la directive Ecoconception se concentre sur la réduction de la consommation d'énergie au cours de la phase d'utilisation des produits, le bureau européen de l'environnement estime également qu'elle dispose d'un potentiel pour assurer la promotion d'une économie circulaire dans l'UE. Il montre que les appareils électriques et électroniques mis sur le marché européen durant un an provoquent des émissions équivalentes à 1.500 millions de tonnes de CO2 au cours de leur cycle de vie. Cela correspond à la production d'énergie du Royaume-Uni, de l'Allemagne et la Pologne réunies. Pour les mêmes catégories de produits, les émissions embarquées de CO2 des matières contenues dans les produits, portent l'addition à 100 millions de tonnes de plus par an (électronique, moteurs et pompes, éclairage, chauffage et appareils de refroidissement ainsi que panneaux photovoltaïques et éoliennes). "L'amélioration de l'efficacité énergétique lors de la phase d'utilisation combinée à une utilisation accrue des composants électroniques complexes dans les produits, va augmenter le poids relatif des émissions de GES «embarqué», développe le BEE. Par conséquence, les décideurs politiques devraient désormais porter leur attention sur la phase de conception et de production".
Trois pistes pour réduire l'utilisation des ressources
D'un point de vue social, ces produits éco-conçus constituent une condition préalable au développement de nouveaux modèles économiques autour des services de réparation et d'entretien, de location. Certains industriels voient également dans les normes de la directive Ecoconception un facteur de compétitivité.
Le rapport du BEE développe trois pistes pour réduire l'utilisation des ressources dans les produits : identifier une conception qui favorise les possibilités de réparation et la durabilité des produits, veiller aux options possibles de la fin de vie des matériaux sélectionnés (recyclés), éliminer les substances problématiques pour la réutilisation des produits. "Il doit y avoir une interaction étroite entre les exigences en matière d'écoconception et la réglementation des déchets", assure le BEE.
Le rapport souligne que prolonger la durée de vie d'un produit par rapport à un remplacement précoce permet des économies de ressources. Ainsi, améliorer la durée de vie des ordinateurs portables, des imprimantes et des machines à laver dans l'UE pourrait conduire à des économies en émissions de GES de plus d'un million de tonnes par an, ce qui équivaut au retrait de 477.000 voitures des routes pour une année.

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