Lors du lancement du plan national d'actions sur le paysage, Ségolène Royal a regretté la banalisation et l'uniformisation des paysages
du quotidien. Pour lutter contre ce phénomène, la ministre de
l'Ecologie souhaite que des végétaux représentatifs de l'identité des
territoires soient réintroduits dans les travaux d'aménagement. Ce
chantier est en construction.
En juin 2014, après plusieurs années de travaux initiés par un appel d'offres du ministère, deux labels nationaux ont vu le jour : Végétal local et Vraies messicoles. Ces signes de qualité ont été créés afin de garantir l'origine locale des végétaux utilisés en plantation, revégétalisation et restauration écologique, ce qui n'existait pas jusque-là.
"Les opérateurs n'ont pas connaissance de l'origine des végétaux qu'ils utilisent, que ce soit pour les arbres, les arbustes ou les herbacées", explique Sandra Malaval, animatrice du projet Végétal local-Vraies messicoles pour la Fédération des conservatoires botaniques nationaux. Aujourd'hui, la plupart des semences et végétaux utilisés dans les travaux paysagers proviennent de l'étranger (Europe de l'Est, Canada, Nouvelle-Zélande…).
Pourtant, le recours à des végétaux locaux compte de nombreux
avantages. Outre une meilleure intégration du projet dans son
environnement, il évite d'impacter la biodiversité locale. En effet,
l'implantation de végétaux exogènes fait courir le risque d'une
colonisation, au détriment des plantes autochtones, et donc d'une perte
de biodiversité.
Avec le développement des trames vertes et des opérations de restauration, une véritable demande est née. Le marché des végétaux locaux est donc appelé à se développer.
Des collectivités se lancent dans la production de végétaux locaux
Conscients des enjeux, plusieurs acteurs ont décidé de lancer leur propre production de végétaux locaux. Dans les Pyrénées, depuis 2010, une marque collective garantit l'origine locale de semences pour la restauration écologique en montagne : Pyrégraine de nèou. Plusieurs années de travaux, menés dans le cadre du projet Ecovars, ont été nécessaires pour définir des itinéraires techniques. Les graines (plantain acéolé, pâturin alpin, avoine des montagnes…) servent notamment à la revégétalisation de pistes de ski, dans les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques.
Les communes s'y mettent aussi. A l'instar de l'agglomération de Saumur, qui s'est lancée dans la production de végétaux locaux afin de restaurer les bords du Thouet. Pendant plusieurs années, des graines ont été prélevées dans le milieu naturel. Un protocole de collecte a été mis en place avec le conservatoire botanique national de Brest et la pépinière de Guéméné. Les arbres fournisseurs ont été génétiquement sélectionnés, géolocalisés et numérisés. Tout comme les jeunes plants issus de ces récoltes, mis en culture dans la pépinière de Guéméné, puis de Saumur. Les premiers plants issus de cette production ont été réimplantés sur plusieurs projets de l'agglomération : la station d'épuration de la Côté et la ville de Montsoreau (675 arbres)… A terme, ces deux démarches devraient être reconnue par le label Végétal local.
Deux garanties sur l'origine des végétaux
Cette marque de qualité, tout comme Vraies messicoles, est née il y a tout juste un an. Les premières labellisations seront délivrées à l'automne 2015, pour dix ans. "Nous avons déjà reçu une dizaine de candidatures. La plupart étaient déjà dans cette démarche de production de végétaux sauvages locaux, les acteurs souhaitent donc faire reconnaître leurs pratiques. Mais il y a également de nouveaux arrivants qui anticipent l'ouverture d'un nouveau marché", indique Sandra Malaval.
Les labels couvrent tous les végétaux sauvages et les plantes messicoles, c'est-à-dire celles qui accompagnent les cultures (coquelicots, bleuets…). "Onze
zones biogéographiques ont été définies pour la France métropolitaine
et la Corse. Nous avons également élaboré un référentiel technique qui
encadre la récolte, la multiplication…", explique Sandra Malaval.
La récolte en milieu naturel doit être réalisée avec le moins
d'impacts. Pas question de diminuer la ressource, des plafonds de
prélèvement par site ont été fixés (par exemple, 5% de la population par
an). Pour favoriser la diversité génétique, les prélèvements de graines
pour les herbacées, les arbustes et les arbres doivent être réalisés
sur un ou plusieurs sites de la même région naturelle, avec cette
fois-ci des minimums de collecte (prélèvements sur 50 individus minimum
par exemple). "Notre objectif est de conserver les populations dans le milieu naturel et d'obtenir des graines diversifiées", expliqueSandra Malaval. Pour éviter les dérives génétiques, le nombre de reproductions est limité à cinq. "Ces
signes de qualité ont été conçus dans un esprit de conservation de la
flore et de sa diversité : il ne s'agit pas de faire des clones", souligne l'animatrice.
Ces "contraintes" devraient renchérir les coûts : finies les boutures à la chaîne, "de nouveaux itinéraires de production devront être créés, avec plus de risque d'échec ou de variabilité naturelle". En revanche, la culture de ces végétaux devrait être plus aisée : les espèces étant adaptées à leur zone d'implantation, elles devraient avoir des besoins limités en engrais, arrosage…
Norvège, Allemagne : les végétaux locaux deviennent obligatoires
En Norvège, utiliser des végétaux locaux est devenu obligatoire depuis 2014, hors production agricole. L'Allemagne a prévu la même obligation pour 2020. Et en France ? "Je ne sais pas si une telle obligation verra le jour, mais cette démarche devrait s'amplifier. Les signes de qualité permettront d'assurer la traçabilité. Les collectivités pourront demander le recours à des végétaux locaux dans leurs appels d'offres", analyse Sandra Malaval.
Sophie Fabrégat, journaliste
En juin 2014, après plusieurs années de travaux initiés par un appel d'offres du ministère, deux labels nationaux ont vu le jour : Végétal local et Vraies messicoles. Ces signes de qualité ont été créés afin de garantir l'origine locale des végétaux utilisés en plantation, revégétalisation et restauration écologique, ce qui n'existait pas jusque-là.
"Les opérateurs n'ont pas connaissance de l'origine des végétaux qu'ils utilisent, que ce soit pour les arbres, les arbustes ou les herbacées", explique Sandra Malaval, animatrice du projet Végétal local-Vraies messicoles pour la Fédération des conservatoires botaniques nationaux. Aujourd'hui, la plupart des semences et végétaux utilisés dans les travaux paysagers proviennent de l'étranger (Europe de l'Est, Canada, Nouvelle-Zélande…).
Un végétal local, c'est quoi ?
Par végétaux locaux, la botanique entend
tous les végétaux qui étaient présents sur une aire de répartition avant
l'année 1500 et la période des grandes découvertes qui a conduit à
l'échange de végétaux entre continents.
Avec le développement des trames vertes et des opérations de restauration, une véritable demande est née. Le marché des végétaux locaux est donc appelé à se développer.
Des collectivités se lancent dans la production de végétaux locaux
Conscients des enjeux, plusieurs acteurs ont décidé de lancer leur propre production de végétaux locaux. Dans les Pyrénées, depuis 2010, une marque collective garantit l'origine locale de semences pour la restauration écologique en montagne : Pyrégraine de nèou. Plusieurs années de travaux, menés dans le cadre du projet Ecovars, ont été nécessaires pour définir des itinéraires techniques. Les graines (plantain acéolé, pâturin alpin, avoine des montagnes…) servent notamment à la revégétalisation de pistes de ski, dans les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques.
Les communes s'y mettent aussi. A l'instar de l'agglomération de Saumur, qui s'est lancée dans la production de végétaux locaux afin de restaurer les bords du Thouet. Pendant plusieurs années, des graines ont été prélevées dans le milieu naturel. Un protocole de collecte a été mis en place avec le conservatoire botanique national de Brest et la pépinière de Guéméné. Les arbres fournisseurs ont été génétiquement sélectionnés, géolocalisés et numérisés. Tout comme les jeunes plants issus de ces récoltes, mis en culture dans la pépinière de Guéméné, puis de Saumur. Les premiers plants issus de cette production ont été réimplantés sur plusieurs projets de l'agglomération : la station d'épuration de la Côté et la ville de Montsoreau (675 arbres)… A terme, ces deux démarches devraient être reconnue par le label Végétal local.
Deux garanties sur l'origine des végétaux
Cette marque de qualité, tout comme Vraies messicoles, est née il y a tout juste un an. Les premières labellisations seront délivrées à l'automne 2015, pour dix ans. "Nous avons déjà reçu une dizaine de candidatures. La plupart étaient déjà dans cette démarche de production de végétaux sauvages locaux, les acteurs souhaitent donc faire reconnaître leurs pratiques. Mais il y a également de nouveaux arrivants qui anticipent l'ouverture d'un nouveau marché", indique Sandra Malaval.
Une zone biogéographique représente une zone climatiquement et
écologiquement homogène du point de vue des formations végétales et des
températures.
Ces "contraintes" devraient renchérir les coûts : finies les boutures à la chaîne, "de nouveaux itinéraires de production devront être créés, avec plus de risque d'échec ou de variabilité naturelle". En revanche, la culture de ces végétaux devrait être plus aisée : les espèces étant adaptées à leur zone d'implantation, elles devraient avoir des besoins limités en engrais, arrosage…
Norvège, Allemagne : les végétaux locaux deviennent obligatoires
En Norvège, utiliser des végétaux locaux est devenu obligatoire depuis 2014, hors production agricole. L'Allemagne a prévu la même obligation pour 2020. Et en France ? "Je ne sais pas si une telle obligation verra le jour, mais cette démarche devrait s'amplifier. Les signes de qualité permettront d'assurer la traçabilité. Les collectivités pourront demander le recours à des végétaux locaux dans leurs appels d'offres", analyse Sandra Malaval.
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