L'ordre des médecins interpelle le gouvernement sur
le nouveau service de téléconsultation proposé par l'assureur.
Salarié de l'assureur, le médecin joint par téléphone pourra établir un diagnostic et télétransmettre une ordonnance au pharmacien du patient. «La téléconsultation ne se substitue ni au médecin traitant, ni aux urgences, elle est complémentaire», précise Didier Weckner, qui ajoute qu'un compte rendu est envoyé au médecin traitant avec l'accord de l'assuré. Par ailleurs, le service ne couvrira ni les consultations spécialisées, notamment psychologique, ni celles nécessitant un examen clinique ou des examens complémentaires spécialisés. Aucun arrêt de travail, certificat médical ou renouvellement d'ordonnance ne sera délivré.
«C'est dans l'air du temps»
Pour l'assureur, ce service s'inscrit dans une démarche de protection du capital santé des Français. «Et nous pouvons supposer, qu'à terme, nous rembourserons moins de médicaments, les problèmes de santé étant pris en charge plus rapidement», estime Didier Weckner.Bien ficelée juridiquement, l'offre peut sans aucun doute séduire un public pressé, angoissé ou ayant du mal à obtenir un rendez-vous médical. «C'est complètement dans l'air du temps, la médecine devient un marché commercial sur lequel chacun essaie de se positionner», analyse Claude Leicher, président du syndicat MG-France. Mais il lui semble difficile de parler de véritable téléconsultation. «C'est un conseil téléphonique ou de la régulation, c'est-à-dire de l'orientation des malades en fonction de la gravité», estime le médecin.
Un système de soin parallèle?
Régulation ou téléconsultation, l'offre d'Axa pose cependant un véritable problème à l'ordre des médecins. «Ce service pose une question politique sur l'organisation du système de soins. Nous avons interpellé le ministère de la Santé sur ce problème et nous attendons ses réponses», souligne le Dr Jacques Lucas, vice-président de l'ordre des médecins.Dans un communiqué publié mardi, le Conseil de l'ordre enfonce le clou. «Dès lors que l'assureur ne pourra pas contrôler l'indisponibilité physique ou téléphonique du médecin traitant et qu'en tout état de cause, le médecin traitant n'est pas nécessairement disponible quand le patient aimerait qu'il le soit, n'est-on pas en train de créer en marge du médecin traitant et du parcours de soins, financé par l'assurance-maladie obligatoire, un système qui va le doublonner et sera pris en charge uniquement par l'assurance-maladie complémentaire?», s'interroge l'institution. La question mérite d'être posée, alors que la généralisation des complémentaires d'entreprise à tous les salariés du privé s'annonce pour janvier 2016.
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