«Comment réorienter les 1.000 milliards?» C'est autour de ce thème
pragmatique que se réunit vendredi la sphère financière mondiale, en
référence aux 1.000 milliards de dollars d'investissements annuels
nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés.
Le
«Climate finance day», organisé au siège de l'Unesco à Paris, vient
clore un «Business and Climate Summit» visant à mobiliser le secteur
privé sur la thématique du climat, d'ordinaire l'apanage du monde
politique.
«Le secteur financier soutient l'objectif visant à
contenir le réchauffement de la planète sous la barre des deux degrés
d'ici 2050», a indiqué à l'ouverture de la conférence Gérard Mestrallet,
le président de l'association de promotion de la place financière
parisienne Paris Europlace.
«Même si le secteur financier n'est
pas directement impliqué dans les négociations sur le climat, il jouera
un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique en orientant
les capitaux et l'économie vers un modèle plus sobre en carbone», a
poursuivi le PDG de Engie (GDF Suez).
A l'heure des politiques
d'austérité et des restrictions budgétaires, les financements publics ne
pourront pas assurer seuls les investissements nécessaires à la
réalisation des objectifs, d'où l'idée de ce sommet financier.
Plus
de 1.000 participants, banquiers, assureurs, fonds d'investissements ou
investisseurs institutionnels, assistent à cet événement auquel
participent les ministres français des Finances Michel Sapin et des
Affaires étrangères Laurent Fabius, et labellisé COP21, la conférence
internationale sur le climat qui se déroulera à Paris début décembre.
«Désormais,
l'ensemble du système financier doit prendre en compte les risques
climatiques dans ses activités et non plus uniquement les pionniers
comme vous qui avez montré la voie», a appelé de ses voeux Michel Sapin.
Pour
accélérer le mouvement, le gouvernement français vient de proposer,
dans le cadre de la discussion du projet de loi relatif à la transition
énergétique pour la croissance verte, que les investisseurs
institutionnels publient les modalités de prise en compte de
l'exposition aux risques climatiques dans leurs politiques
d'investissements, selon M. Sapin.
Gérard Mestrallet a pour sa
part regretté que le financement de projet émettant moins de carbone
soit confronté à des obstacles réglementaires: il a notamment pointé la
directive européenne Solvabilité 2, qui «bride la capacité des
investisseurs institutionnels à s'engager sur des projets de long
terme», et le projet de taxe sur les transactions financières.
- Une plateforme d'engagements -
Le
forum met en avant plusieurs initiatives du secteur en faveur du climat
comme la réallocation d'actifs, qui consiste à investir vers des
entreprises plus vertes et sortir du capital des mauvais élèves (charbon
ou pétrole, par exemple).
Pour montrer l'exemple, la Caisse des
dépôts, bras financier de l'Etat français et initiatrice de l'événement,
a annoncé qu'elle allait désormais prendre en compte l'aspect
«transition énergétique» dans ses prises de participation et militer en
faveur du respect de certains objectifs dans les entreprises où elle est
actionnaire.
La banque française Crédit Agricole a également
récemment annoncé son intention de «ne plus financer les projets de
mines de charbon ni les exploitants spécialisés dans cette activité».
Autre
type d'initiative: le développement d'outils de financement spécifiques
comme les obligations vertes, ou green bonds, qui permettent aux
industriels ou aux collectivités de trouver sur les marchés les
financements de leurs projets d'énergie renouvelable. Sur ce secteur en
développement, la France est au premier rang mondial des émissions.
Le secteur de l'assurance se mobilise lui autour de la couverture et de l'analyse des risques climatiques.
Les
engagements pris par les acteurs, leur empreinte carbone et celle de
leur portefeuille, seront répertoriés sur une plateforme commune, lancée
vendredi: investorsonclimatechange.org.
En France, les
fédérations d'investisseurs se sont en outre engagées à favoriser les
financements vers des technologies bas carbone et intensifier la
recherche et le développement.
Ils attendent en échange un cadre
réglementaire favorable, avec des mesures incitatives, comme la mise en
place d'un prix du carbone.
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