Politiques climat de long terme, tarification du carbone et mesures
pour faciliter la transition énergétique des plus pauvres: ces trois
étapes sont jugées essentielles par la Banque mondiale pour parvenir à
zéro émission de gaz à effet de serre d'ici 2100 et «stabiliser le
climat».
«Il convient de restructurer l'économie mondiale si l'on
veut réduire à zéro les émissions (de gaz à effet de serre) nettes avant
la fin de ce siècle», affirme dans un communiqué de la Banque mondiale
(BM) sa vice-présidente Rachel Kyte, à l'occasion de la parution lundi
d'un rapport intitulé «Décarboniser le développement: trois étapes vers
un futur sans carbone».
«Les priorités (de la BM) aujourd'hui sont
dictées par l'objectif de décarbonisation totale à long terme»,
renchérit Stéphane Hallegatte, économiste senior à la Banque mondiale,
lors d'une présentation du rapport à Paris.
«L'objectif de 0
émission est une certitude pour stabiliser le changement climatique»,
insiste Stéphane Hallegatte et «zéro émission, il faut le faire avant
2100 pour rester sous les 2°C» de réchauffement, l'objectif de la
communauté internationale.
A quelques mois de la conférence
climat de Paris (30 nov-11 déc), qui doit être un tournant majeur dans
la lutte contre le réchauffement de la planète, la BM affiche clairement
ses priorités: aider les pays en voie de développement à faire des
choix pour les rendre moins dépendants des énergies fossiles (pétrole,
charbon, gaz), à bâtir des villes et des transports moins énergivores et
les pousser à utiliser forêts et savanes comme des puits de carbone.
Pour
aller vers le «zéro émission», la préoccupation des Etats doit donc dès
aujourd'hui être basée sur une vision de long terme, bien au delà de
2025 ou 2030, dates pour les prochains objectifs climatiques que les
pays doivent annoncer avant Paris.
- Impérativement taxer le carbone -
Ensuite
«il convient de lettre en place un vaste train de mesures, dont la
tarification du carbone, pour créer les incitations nécessaires (...) à
une croissance sobre en carbone», estime la Banque mondiale.
Instaurer
un prix du carbone - via une taxe carbone ou un marché du carbone -
«est nécessaire», affirme Stéphane Hallegatte. Mais «cela devra être
complété par d'autres mesures comme des normes d'émissions de véhicules,
d'efficacité énergétique, des plans d'électrification, de transports
urbains», ajoute-t-il.
Enfin, pour compenser une hausse des
carburants dues à une tarification du carbone ou, dans un premier temps,
à une suppression des subventions aux énergies fossiles, il est
impératif d'aider les populations les plus pauvres.
Exemples:
l'Iran et l'Indonésie ont retiré leurs subventions aux énergies fossiles
et ont utilisé ce budget pour des aides directes aux foyers modestes.
«Au Ghana, l'école primaire est devenue gratuite et des aides pour
accéder à l'électricité ont été mises en place», souligne également
Stéphane Hallegatte.
Pour cet économiste, «le succès ou l'échec
des politiques climat dépendra de leur capacité à contribuer au
développement et à la lutte contre la pauvreté».
Au delà de
l'urgence à instaurer des politiques énergétiques de long terme en phase
avec les objectifs climatiques, les perspectives de plafonner le
réchauffement à 2°C reposent aussi sur la technologie.
Et
notamment sur le captage et stockage du carbone, une technique
controversée, pas encore mature et en mal d'investissements en raison du
trop faible prix du carbone là où il est taxé.
Or, prévient
Stéphane Hallegatte, «autant nous n'avons pas besoin du nucléaire pour
décarboner l'économie, autant les stratégies changent radicalement si on
enlève le captage et stockage du carbone».
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