Bis repetita. Après « l’affaire Emmanuel Giboulot » – un
vigneron poursuivi en justice pour avoir refusé de traiter son vignoble
avec un insecticide [1]
– un autre vigneron bio, Thibault Liger-Belair, est convoqué au
tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône (Rhône) le 19 mai
prochain. Son délit ? « Refus d’effectuer les mesures de protection
des végétaux contre les organismes nuisibles en l’espèce : lutte
insecticide contre le vecteur de la flavescence dorée », selon la convocation consultée par Basta !.
Thibault Liger-Belair est vigneron à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or)
et à Moulin-à-Vent dans le Beaujolais. La particularité de l’appellation
Moulin-à-Vent est qu’elle se trouve sur deux départements : le Rhône et
la Saône-et-Loire. En 2013, un arrêté préfectoral
impose trois traitements aux pesticides dans les vignobles de
Saône-et-Loire, mais pas dans le Rhône. Une route traverse les vignes de
Thibault Liger-Belair : d’un côté, les vignes qui doivent être
traitées, selon l’arrêté préfectoral, de l’autre, celles qui échappent
aux insecticides parce que le département n’oblige pas au traitement. « C’est une délimitation purement administrative, et non agronomique », confie-t-il à Basta !. « Quand
une loi est mal faite, cela ne nous pousse pas à la suivre. On ne peut
pas prendre une carte et tirer un trait rouge, sans se préoccuper des
limites du vignoble. Qu’on veuille protéger nos vignobles, oui, mais
qu’on le fasse intelligemment et de manière mesurée », argue le vigneron.
Voir l’explication de Thibault Liger-Belair, dans une vidéo extraite du documentaire « Insecticide mon amour » :
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Thibault Liger-Belair fait partie d’un collectif de vignerons contre la flavescence dorée, créé en décembre 2013 en Bourgogne. « On
apporte des idées, des innovations et les informations de différents
scientifiques d’Europe, de Suisse, pour en savoir plus et appliquer des
zonages beaucoup plus précis », explique-t-il. « Nous voulons préserver les terres, les vignes qu’on nous a léguées, et les rendre en meilleur état. »
Cette procédure judiciaire contribuera, espère Thibault Liger-Belair,
à pointer du doigt un certain nombre de dysfonctionnements, à débattre,
à réfléchir autrement afin de préserver les terres. Pour rappel,
l’affaire Giboulot s’est finalement soldée le 4 décembre 2014 par une
relaxe, la Cour ayant invalidé l’arrêté préfectoral obligeant à traiter
les vignobles.
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