Trente-huit des cinquante-trois Etats membres de la Région européenne de
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont interdit l'utilisation de
toutes les formes d'amiante, dont la France depuis 1997. Les 15 pays
restants, soit 300 millions d'habitants, "l'utilisent toujours, surtout pour les matériaux de construction, et certains continuent à en produire et à en exporter", prévient
l'OMS dans un rapport paru le 30 avril. Il s'agit de l'Albanie,
d'Andorre, de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Biélorussie, de la
Bosnie-Herzégovine, de la Fédération de Russie, de la Géorgie, du
Kazakhstan, du Kirghizistan, de l'Ouzbékistan, de la République de
Moldavie, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ukraine.
Ce rapport dresse le bilan de l'engagement, pris en 2010 par les Etats, d'élaborer des politiques nationales d'ici fin 2015 afin "d'éliminer les maladies liées à l'amiante en Europe", lors de la cinquième conférence ministérielle sur l'environnement et la santé organisée à Parme (Italie). Il a été présenté jeudi 30 avril devant plus de 200 représentants des pays européens réunis sur cette question à Haïfa (Israël). "Nous exhortons tous les pays à remplir les engagements pris en 2010, et ce dès la fin de la réunion de Haïfa. Il reste très peu de temps pour cela", a déclaré Zsuzsanna Jakab, Directrice régionale de l'OMS pour l'Europe. "La manière la plus efficace de pallier ce phénomène consiste à mettre un terme à l'utilisation de tous les types d'amiante".
15.000 décès par an en Europe
L'exposition à l'amiante est responsable d'environ la moitié des décès dus à des cancers contractés au travail, selon l'OMS. De nouveaux cancers liés à l'amiante, touchant le larynx et l'ovaire, ont été identifiés par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Auxquels s'ajoutent le cancer des poumons, le mésothéliome (cancer de la plèvre et du péritoine) et l'asbestose (fibrose pulmonaire). "Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre près de 15.000 vies chaque année en Europe, surtout des travailleurs, en raison des maladies causées par une exposition à l'amiante. Chaque décès de ce type peut être évité", a ajouté Mme Jakab.
Selon le rapport, 62% des Etats ayant interdit l'amiante ont adopté un plan national en 2014. Il s'agit pour la plupart d'entre eux de politiques "juridiquement contraignantes" pour traiter l'amiante comme déchet dangereux. Mais la population continue, dans ces pays, "d'y être régulièrement exposée car des opérations de retrait n'ont pas été effectuées dans tous les lieux où il avait été utilisé", prévient l'OMS.
Dans les pays interdisant l'amiante, 77% d'entre eux reconnaissent comme maladie professionnelle le mésothéliome et 69% l'asbestose. Le coût des décès liés au mésothéliome, dans 15 pays européens, s'élève à plus de 1,6 milliard d'euros par an, selon l'OMS.
Et la France ?
En France, 826 cas de mésothéliome ont été répertoriés en 2013 représentant un coût de plus de 217 millions d'euros.
Selon Annabelle Gilg de l'Institut national de veille sanitaire (InvS), "le poids des cancers pour les sites liés à l'amiante de façon certaine (poumon, mésothéliome, larynx, ovaire) est estimé entre environ 2.200 et 5.400 cas par an en France, touchant de façon majoritaire les hommes pour les cancers respiratoires du fait des situations d'exposition responsables", a-t-elle indiqué dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) paru en janvier 2015.
"Les problèmes de santé dus à une exposition à l'amiante apparaissent généralement après plusieurs dizaines d'années. Ceci signifie que dans toute l'Europe, beaucoup d'autres personnes devraient tomber malades et mourir dans les prochaines années", a souligné le docteur Guénaël Rodier, directeur de la Division de la sécurité sanitaire et de l'environnement à l'OMS.
Selon des estimations publiées en août 2014 par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), l'amiante pourrait tuer entre 68.000 et 100.000 personnes d'ici à 2050 en France. Le Haut Conseil a préconisé notamment de rendre obligatoire l'application de la norme sur le diagnostic amiante NFX 46-020 pour la mise en œuvre de tous les types de repérages. Il a également recommandé d'abaisser le seuil d'amiante dans l'air qui déclenche des travaux de désamiantage à 2 fibres par litre (f/L) à partir du 1er janvier 2020, contre 5 f/L actuellement.
La valeur limite d'exposition professionnelle sera de 10 fibres d'amiante par litre d'air au 1er juillet 2015, contre 100 fibres par litre aujourd'hui, selon le décret du 4 mai 2012.
Selon l'OMS, environ 125 millions de personnes dans le monde sont actuellement exposées à l'amiante en milieu professionnel.
Rachida Boughriet, journalisteCe rapport dresse le bilan de l'engagement, pris en 2010 par les Etats, d'élaborer des politiques nationales d'ici fin 2015 afin "d'éliminer les maladies liées à l'amiante en Europe", lors de la cinquième conférence ministérielle sur l'environnement et la santé organisée à Parme (Italie). Il a été présenté jeudi 30 avril devant plus de 200 représentants des pays européens réunis sur cette question à Haïfa (Israël). "Nous exhortons tous les pays à remplir les engagements pris en 2010, et ce dès la fin de la réunion de Haïfa. Il reste très peu de temps pour cela", a déclaré Zsuzsanna Jakab, Directrice régionale de l'OMS pour l'Europe. "La manière la plus efficace de pallier ce phénomène consiste à mettre un terme à l'utilisation de tous les types d'amiante".
15.000 décès par an en Europe
L'exposition à l'amiante est responsable d'environ la moitié des décès dus à des cancers contractés au travail, selon l'OMS. De nouveaux cancers liés à l'amiante, touchant le larynx et l'ovaire, ont été identifiés par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Auxquels s'ajoutent le cancer des poumons, le mésothéliome (cancer de la plèvre et du péritoine) et l'asbestose (fibrose pulmonaire). "Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre près de 15.000 vies chaque année en Europe, surtout des travailleurs, en raison des maladies causées par une exposition à l'amiante. Chaque décès de ce type peut être évité", a ajouté Mme Jakab.
Selon le rapport, 62% des Etats ayant interdit l'amiante ont adopté un plan national en 2014. Il s'agit pour la plupart d'entre eux de politiques "juridiquement contraignantes" pour traiter l'amiante comme déchet dangereux. Mais la population continue, dans ces pays, "d'y être régulièrement exposée car des opérations de retrait n'ont pas été effectuées dans tous les lieux où il avait été utilisé", prévient l'OMS.
Dans les pays interdisant l'amiante, 77% d'entre eux reconnaissent comme maladie professionnelle le mésothéliome et 69% l'asbestose. Le coût des décès liés au mésothéliome, dans 15 pays européens, s'élève à plus de 1,6 milliard d'euros par an, selon l'OMS.
Et la France ?
En France, 826 cas de mésothéliome ont été répertoriés en 2013 représentant un coût de plus de 217 millions d'euros.
Selon Annabelle Gilg de l'Institut national de veille sanitaire (InvS), "le poids des cancers pour les sites liés à l'amiante de façon certaine (poumon, mésothéliome, larynx, ovaire) est estimé entre environ 2.200 et 5.400 cas par an en France, touchant de façon majoritaire les hommes pour les cancers respiratoires du fait des situations d'exposition responsables", a-t-elle indiqué dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) paru en janvier 2015.
"Les problèmes de santé dus à une exposition à l'amiante apparaissent généralement après plusieurs dizaines d'années. Ceci signifie que dans toute l'Europe, beaucoup d'autres personnes devraient tomber malades et mourir dans les prochaines années", a souligné le docteur Guénaël Rodier, directeur de la Division de la sécurité sanitaire et de l'environnement à l'OMS.
Selon des estimations publiées en août 2014 par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), l'amiante pourrait tuer entre 68.000 et 100.000 personnes d'ici à 2050 en France. Le Haut Conseil a préconisé notamment de rendre obligatoire l'application de la norme sur le diagnostic amiante NFX 46-020 pour la mise en œuvre de tous les types de repérages. Il a également recommandé d'abaisser le seuil d'amiante dans l'air qui déclenche des travaux de désamiantage à 2 fibres par litre (f/L) à partir du 1er janvier 2020, contre 5 f/L actuellement.
La valeur limite d'exposition professionnelle sera de 10 fibres d'amiante par litre d'air au 1er juillet 2015, contre 100 fibres par litre aujourd'hui, selon le décret du 4 mai 2012.
Selon l'OMS, environ 125 millions de personnes dans le monde sont actuellement exposées à l'amiante en milieu professionnel.
Rédactrice spécialisée
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